
Castard, un sourire pour la fin

Après dix-sept saisons pro et deux titres de champion de France, l’attaquant au large sourire, Ludovic Castard, a rangé sa tenue de volleyeur pour de bon, au terme d’une dernière saison inachevée à Ajaccio, mais qui n’enlève rien au grand voyage que l’Antillais a accompli depuis 2003.
Il est parti sans un mot plus haut que l’autre, mais avec des idées plein la tête et une forme certaine de sérénité. A 37 ans, malgré les œillades d’un coach, Frédéric Ferrandez, qui l’aurait bien compté une année de plus dans les rangs d’Ajaccio, Ludovic Castard a tiré le rideau. Pour de bon. Après dix-sept saisons pro, un très grand voyage, pas toujours de tout repos, le réceptionneur-attaquant ou pointu, selon les configurations d’équipe, a donc rangé l’habit. Un peu à la va-vite, forcément. Sur une saison sans fin, dans un contexte qu’il aurait sans doute aimé un peu plus joyeux. « Mais c’est ainsi », dit-il, posément, sans regret, ni amertume, mais en paix avec lui-même et une décision qui n’est pas tombée comme une feuille sous le vent. « Cette saison (2019-2020), j’avais déjà beaucoup hésité à repartir. Cette décision a été mûrement réfléchie avec ma compagne, travaillée longuement dans la tête. Ça fait partie du projet, de la famille », reconnaît Ludovic, dont la femme a obtenu le concours d’infirmière et poursuivra une session de cours à la rentrée. « Pour moi, c’était le moment. Je suis content de ce ressenti, c’est moi qui ai vraiment pris la décision. A partir du moment où tu prends une décision et que tu as un projet derrière, tu es plutôt serein. Derrière, il y a quelque chose, ce n’est pas brusque. »
N’empêche, ce n’est jamais simple de mettre d’un coup dans la malle dix-sept années de vie, de souvenirs, d’émotions et de désillusions aussi. Attaquant atypique d’1,97 m, Ludovic ne sautait pas le plus haut, il n’était pas le plus puissant, mais il était sacrément roublard, technique et malin, jouant les mains comme personne, quand le contreur avait l’audace de lui offrir ses doigts. « Il n’y en avait pas beaucoup des comme moi. Avec moi, c’était donne-moi tes mains ! Il fallait jouer avec les moyens du bord », se marre-t-il aujourd’hui. «Ludo» avait la bonne humeur en bandoulière, la compétition en lui et une hargne indéfectible. De ses débuts à Sète en 2003 à la dernière page ajaccienne au printemps, l’international français aux 95 sélections a transmis de la joie et des sourires, construisant une carrière solide, internationale (passage remarqué à Kielce en Pologne) et tissée chez les plus grands en France. « Je pense que j’ai fait les bons choix. Sète, Cannes, Paris, à l’époque c’était des clubs références. A part Tours où je n’ai fait que six mois, je n’aurais pas pu faire mieux », résume le double champion de France avec Paris (2007-2008), vainqueur de la Coupe de France et de la Supercoupe (2017) sous le maillot d'Ajaccio.
Bien sûr, sa carrière aurait pu prendre un tournant plus magique encore, si ses tendons d’Achille avaient bien voulu ne jamais le lâcher. Mais le droit d’abord, puis le gauche ensuite, ont affalé ses ambitions, quand l’équipe de France lui tendait les bras pour y faire de grandes choses. « Ces deux blessures sont les plus gros regrets de ma carrière », confesse celui qui participa à deux Euros (2005 et 2007) et un Mondial (2006) avec les Bleus. « En toute honnêteté, je pense que si je n’avais pas été blessé en Pologne, ma carrière aurait été différente. Mais ça fait partie du sport. J’ai réussi à me relever derrière. C’est à la fois un regret et une fierté d’être revenu deux fois comme ça.»
Et le voilà maintenant prêt à entamer sa deuxième vie. Jamais loin du volley forcément. Après avoir acquis les bases de la préparation physique, qu’il anima d’ailleurs étroitement en début de saison dernière avec son équipe d’Ajaccio, Ludovic Castard veut désormais passer à la phase deux et obtenir ses diplômes d’entraîneur, « tout en continuant à prendre de l’expérience dans la préparation physique », explique-t-il. Mais le néo-retraité fourmille d’autres idées encore et il s’attaquera aussi à la rentrée au coaching sportif pour les particuliers ! Mais avant de lancer tout cela, l’Antillais veut profiter de son premier été en père peinard, avec ses deux filles de 4 et 7 ans. Il a déjà programmé un retour aux sources, en Guadeloupe, tout le mois de juillet. Pour voir la famille et savourer enfin.