
Kreek, Sète une nouvelle vie

Le central estonien, pilier du Paris Volley durant huit saisons, évoluera à l’Arago de Sète la saison prochaine. Une autre vie, un nouveau challenge qu’il aborde, à bientôt 34 ans, avec une motivation intacte.
On avait fini par croire qu’il était inamovible, indéracinable. Ardo Kreek, c’était les contes de Paris. Les belles soirées parisiennes du milieu des années 2010, avec la victoire en CEV (2014) et le titre de champion de France (2016) notamment, mais les heures délicates aussi, comme en 2018, quand il accepta finalement de soutenir la charpente d’un club relégué en Ligue BM. Le central estonien a tout connu en huit saisons au Paris Volley et l’on se disait alors qu’il n’y avait pas de raison que cela change. Mais c’est précisément parce qu’il a tout vécu à Charpy qu’Ardo a eu envie d’autre chose. « Quand on y pense, jouer huit saisons dans le même club, pour un joueur étranger, ce n’est pas très normal », sourit Ardo, basé chez lui, près de Tallinn, en Estonie, depuis le début de la crise sanitaire. « J’avais besoin de changement, d’ailleurs. Paris, ça a été un une très belle histoire. Huit ans, c’est exceptionnel. Mais je voulais trouver un autre challenge, redonner un peu de fraîcheur, trouver quelque chose de différent, un autre air, une autre motivation. »
C’est donc à Sète que le central expérimenté, carré, au jeu droit et souvent juste, a choisi de rebondir. Mais il ne va pas jeter ses habits parisiens au rebut pour autant. Le Paris Volley, c’est un pan de sa vie. « J’aime cette ville, j’ai toujours vécu dans le même appartement depuis que je suis arrivé à Paris en 2012. C’est comme mon autre maison », raconte le papa d’une petite Clara, neuf mois, qui a toujours résidé durant huit ans à Gentilly, non loin de la salle Charpy. Et pourtant, l’histoire aurait pu être courte. « En 2012, quand je viens à Paris, je me souviens que sur la saison 2011-2012, le club a été près de descendre à un moment. Je regardais tous les jours pour savoir s’il allait se maintenir en Ligue AM. Ensuite, quand il s’est maintenu (8e), je suis arrivé à Paris et dès la première saison, on est allé en finale du championnat. C’était une surprise !», se souvient Ardo, qui enchaînera quatre finales de Ligue AM de suite, jusqu’au sacre en 2016. Les souvenirs sont tatoués, indélébiles. En 2018, quand le club est rétrogradé en Ligue BM, le gros contreur estonien aurait pu quitter le navire, il y a songé d’ailleurs. Mais il reste. « C’était un peu dur. Cinq heures de train, quatre heures de mini van, jouer dans des petites salles parfois, mais c’était bon de vivre cela aussi pour l’expérience. Et puis, dès que la saison a commencé, on a joué pour gagner tous les matchs et remonter tout de suite. Ma motivation sur le terrain était la même. »
L’Arago peut donc se féliciter de son choix. Sète a de grandes ambitions et a bâti une équipe de caractère et d’expérience, autour de Baranek, Kreek, Geiler, Jaumel, notamment. D’ailleurs, Ardo Kreek est déjà titillé à la vue de l’effectif sétois et des ambitions non feintes du club. « Le club a monté une belle équipe et il y a beaucoup d’ambitions. Le minimum, c’est les Play-Offs. Mais on aimerait bien finir la saison dans le Top 4. Pour moi, c’est une belle motivation aussi. Je ne suis pas là juste pour jouer », convient Ardo. Car, à 34 ans, l’Estonien se sent toujours fringant. Durant le confinement, il a profité des grands espaces en Estonie pour marcher beaucoup et s’astreindre à quelques séances de travail physique, même si, en ces temps singuliers, il a aussi beaucoup aimé prendre son temps, auprès de sa famille et de sa fille. « Je me sens bien. Peut-être que je saute moins haut et que je ne vais pas aussi vite que quand j’avais 25 ans, mais je ne le ressens pas ! Je me sens très bien. Je n’ai pas eu beaucoup de grosse blessure dans ma carrière. Mon corps est en bon état encore, c’est vraiment bon signe », sourit-il. « La motivation est totale, intacte. La saison dernière fut étrange, pas finie normalement. La saison qui arrive, il y aura sûrement encore un peu plus de motivation pour les joueurs », avance Ardo, qui passera par Paris, début août avant d’entamer la préparation avec l’Arago le 10. Non pas pour balayer ses souvenirs, mais pour les mettre dans la malle et libérer l’appartement…