
Tour de France des clubs : Béziers

Béziers, jolis coups et bonnes pioches
Auteur d’une excellente dernière saison, le Béziers Volley veut repartir sur les mêmes bases, avec un noyau dur conservé, dont la top scoreuse Malina Terrell, mais aussi quelques belles pioches réussies durant l’intersaison.
Sur la feuille de route de Fabien Simondet, toutes les cases sont cochées ou presque. Cinquième et membre agréé du premier cercle de la Ligue AF la saison dernière, en compagnie de Mulhouse, Nantes, Cannes et Le Cannet, quatuor de tête et grands condors aux moyens financiers tout autres, le Béziers Volley a brillamment tenu son rôle. Pourtant, si le coach biterrois salue avec flamme l’exercice écoulé et le remarquable travail de ses Angels, il garde en creux la petite pelote de regret, qu’il dévide lentement quand il y repense. « Bien sûr que c’est une bonne saison pour nous. On a fait du beau jeu, collectivement le groupe a très bien vécu. On est une des seules équipes à avoir battu tout le monde, Nantes, Mulhouse chez eux, Cannes chez nous. Sur le niveau de jeu, on était là, présent », constate-t-il. Mais l’arrêt brutal de la saison a laissé les promesses en suspens et Béziers en avait beaucoup, un peu partout. Car, au-delà des Play-Offs dont personne ne peut dire ce qui se serait passé, les Angels avaient aussi une demi-finale de Challenge Cup à jouer. Le moment était fort pour le club, la finale plus très loin. Mais le rêve a été stoppé. « On est forcément un peu dans le regret par rapport à cette saison. On était à trois jours de la demi-finale de Challenge Cup, avec match retour chez nous. On avait la capacité de passer en finale je pense, ça aurait été une énorme fête. C’est un petit regret, il faut passer à autre chose », convient Fabien.
Autre chose, c’est donc la saison qui vient. Une nouvelle page que Béziers souhaite teintée de redites de l’exercice précédent évidemment. En conservant cinq joueuses de la saison 2019-2020, dont des pièces essentielles au puzzle, comme l’emblématique libéro et éternellement jeune Alexandra Rochelle (36 ans), la centrale colombienne Yeisy Soto et sa compère d’attaque, Dayana Segovia, Béziers s’est bordé. « On voulait en garder un maximum. Si on avait pu garder le sept titulaire, on l’aurait gardé. Malheureusement, on n’a pas la puissance financière pour cela », résume Fabien. Pourtant, Béziers a réalisé une jolie prouesse en conservant pour une troisième saison la meilleure marqueuse du championnat, l’Américaine Malina Terrell, pourtant demandée partout ! Malgré des offres financières bien plus alléchantes ailleurs, Malina a fait « le choix du cœur » comme elle l’a dit au club, avec le secret désir d’aller au bout de l’histoire après cette année inachevée. « Malina a été contactée par de gros clubs. Mais avec cette fin de saison dernière, elle n’a pas eu le sentiment d’être allée au fond des choses. Elle nous a dit : « J’ai envie de finir l’histoire avec vous ». C’est assez rare pour nous de pouvoir garder ce type de joueuses. On a bataillé et le côté humain a pris le dessus », raconte le technicien biterrois.
Dans la bataille, les Angels y ont laissé de belles plumes aussi, ainsi la centrale Alison Bastianelli, retournée aux Etats-Unis pour des raisons familiales, et Janisa Johnson, réceptionneuse-attaquante de poche fantastique et pivot de l’équipe depuis trois saisons. Il a fallu compenser, colmater. Mais pour son coach, Béziers a réalisé de belles pioches. Au premier rang, la réceptionneuse-attaquante et capitaine de la sélection argentine, Yamila Nizetich, qui revient en France et ne débarque pas dans l’Hérault par hasard, mais pour y rejoindre son mari, Pablo Griboff, préparateur physique…au Béziers Volley depuis la saison passée ! « Yamila était à Cuneo l’an dernier, c’est un énorme palmarès, un énorme service, une bonne pioche que l’on n’aurait jamais eu les moyens de se payer. Mais elle a divisé par trois son salaire, c’est du standing international », résume Fabien, qui sent aussi très bien les choses avec sa nouvelle et jeune passeuse américaine, August Raskie (24 ans). « Depuis le début de la préparation, on est agréablement surpris de ce que l’on voit. Sa première expérience en Europe, en Italie l’an dernier, ne s’est pas trop bien passée, mais c’est une fille revancharde, qui a montré de très belles choses en université américaine », avise le coach.
Avec la centrale US, Kaz Brown, dénichée il y a peu, libérée par le club de Bakou, et ancienne meilleure bloqueuse du championnat allemand, Béziers a visiblement eu pas mal de flair sur ce printemps-été 2020, tandis que les arrivées de la centrale talentueuse argentine Bianca Farriol (18 ans), de la jeune passeuse Anaïs Robert et de la centrale de 15 ans, Elitsa Velinov, sont porteuses de belles promesses. Fabien a donc bien l’intention de continuer à rêver tout haut. « C’est toujours délicat de se positionner. On a la sensation que l’on n’est pas plus mauvais que l’an dernier. Les objectifs restent élevés. On veut être encore dans le haut du tableau, les quatre, cinq premiers et si à la fin on peut « choper » la carotte comme on dit, on ne s’en privera pas », lance le jeune entraîneur du Béziers Volley, dans un sourire qui sent déjà bon le défi.