
Antonin Rouzier, le coup de maitre du Paris Volley

Après dix ans loin des parquets français, le champion d’Europe et meilleur joueur de l’Euro 2015 s’est engagé il y a peu au Paris Volley. Depuis, le club de la Capitale ne cesse de gagner. Etrange coïncidence…
C’est un retour que l’on n’espérait plus. Parti de France lors de l’exercice 2011-2012, après un sacre en championnat avec le Stade Poitevin, Antonin Rouzier entama alors son périple autour du monde. De la Pologne à l’Italie, en passant par la Turquie, la Russie, le Japon et plus récemment le Qatar. Une décennie de « voyages » durant laquelle le tricolore remporta la Coupe de Pologne avec Zaksa Kędzierzyn-Koźle en 2013 et disputa deux finales de Coupes : en Turquie en 2016 avec Arkassport Imzir et au Japon en 2019 avec Toray Arrows.
À 34 ans, voilà le M.V.P du championnat d’Europe 2015 en terre parisienne. « Je pense à un retour depuis quelques années. J’ai passé plus de dix ans à l’étranger et retrouver la France était une véritable envie. Lorsque mon agent m’a parlé de la possibilité de venir à Paris, j’ai dit oui sans même parler d’argent. Le Paris Volley est un club historique du volley français. »
Une arrivée inattendue, un peu avant les fêtes de Noël, et vécue comme un véritable cadeau pour son entraîneur Dorian Rougeyron. « Robin Overbeeke avait du mal à se rétablir de son opération du tendon d’Achille et avait du retard sur sa réathlétisation. On cherchait un joueur pour épauler Ibrahim Lawani sur le front de l’attaque. Lorsque nous avons appris qu’Antonin était libre, nous avons saisi cette opportunité. » Une venue à double objectif : renforcer l’effectif avec un élément expérimenté, mais aussi apporter une aide précieuse au jeune pointu (20 ans) Ibrahim Lawani, comme le concède le technicien parisien : « On voulait quelqu’un qui puisse épauler Ibra dans le jeu, lui transmettre son vécu. Antonin sera parfait pour l’aider à grandir. » En somme, un chaperon idéal !
Un joueur fin tactiquement
Un choix qui s’est vite avéré payant. Quatre jours à peine après avoir débarqué à Charpy, l’ex-international conduisait les siens vers le succès face à Nantes (3-2). Le tout avec une belle ligne de stats (27 points, dont un ace). Par la suite, cette réussite personnelle diminuait au fil des rencontres, sans que cela n’inquiète Dorian Rougeyron. « On pourrait croire qu’il est moins efficace. Mais il faut dissocier le pourcentage de réussite du joueur et le fait que l’équipe marque ou pas le point derrière. Antonin est un joueur fin tactiquement et aide beaucoup l’équipe à progresser. » Une analyse confirmée par Antonin Rouzier : « parce que j’ai une expérience et un palmarès, les gens pensent peut-être que je dois marquer 60 points par match. Mais ça ne se passe pas comme ça. Il faut voir si le passeur joue sur moi ou sur l’autre attaquant, si je touche beaucoup de ballons ou pas. Plus j’en ai, mieux je me sens. Et les soirs où je ne suis pas forcément au top, je me recentre sur les autres secteurs du jeu comme le service ou le contre. Et entre nous, les stats, je ne les regarde plus depuis longtemps.»
Expérimenté, solide mentalement et avec toujours cette envie de vaincre, Antonin Rouzier a en tout cas déjà permis au Paris Volley de changer de visage. Le nonuple champion de France a décroché quatre victoires (Nantes, Tourcoing, Nice et Sète) pour un revers seulement face à Chaumont. « Je ne peux m’attribuer ces victoires, mais lorsque je suis arrivé, j’ai vu des joueurs qui faisaient un peu grise mine, qui vivaient un championnat compliqué. L’expérience et la soif de victoires que je peux apporter ont un peu changé leurs comportements. Sur le terrain, il y a encore plus d’envie de gagner. »
Son club 9e au classement, Antonin Rouzier concède que le Paris Volley n’est pas à sa place. « Nous avons, je crois, le plus petit budget de Ligue A. On ne peut donc pas croire que nous allons concurrencer Montpellier, Tours ou Tourcoing. Mais au vu de l’effectif et de sa qualité, nous pouvons clairement viser plus haut. On se doit d’atteindre les phases finales. » Prochaine étape pour continuer à entretenir l’espoir : la réception de Cambrai ce dimanche.