
Matthieu prend les commandes

Le jeune passeur de Sète, Matthieu Garcia, tient les rênes du jeu sétois depuis un peu moins de deux mois avec une belle réussite et beaucoup de conviction. Et même si, l’espoir d’une qualification en Play-Offs est mince, il veut jouer à fond la petite chance qu’il reste à l’Arago.
C’est évidemment une saison qu’il va inscrire dans le grand calepin de sa toute jeune carrière. Matthieu Garcia a franchi il y quelques jours seulement, le 11 mars dernier, le cap des 21 printemps. Son histoire, sa vie ne font que commencer et le voilà déjà élevé, proclamé guide du jeu de l’Arago Sète, comme s’il avait piétiné mille champs de bataille et fait au poste de passeur de très longues études.
Depuis le 22 janvier dernier, et une défaite à Paris (3-1), Patrick Duflos a définitivement opéré la bascule, bousculant la hiérarchie, faisant passer le minot du club, l’enfant du sérail, formé et nourri au lait héraultais depuis ses premiers pas de volleyeur, devant l’expérimenté Yoann Jaumel, titulaire pourtant indiscutable en début de saison. Forcément, Matthieu se souvient de cet «entre-deux Tours», où dans la foulée d’un double revers sur la route, à Tours puis à Paris, et avant de rentrer en Occitanie pour affronter à nouveau le TVB, le coach de l’Arago a pris son jeune passeur par les épaules pour lui annoncer qu’il devait désormais devenir un grand. «Il m’a prévenu que j’allais jouer titulaire, au moins pour le match contre Tours. Il m’a dit de ne pas me mettre de pression, de jouer, de profiter, que le reste, ce n’était que du bonheur. Il m’a dit fais-toi plaisir», raconte Matthieu, d’un ton posé et un peu fier aussi.
Certes, ce n’était pas du tout écrit ainsi à l’automne dernier. Après une saison 2019-2020 de bribes, avec des rentrées éparses, essentiellement au service, Matthieu était d’abord là pour emmagasiner, pour mettre dans le disque dur, dans les pas du trentenaire chevronné, Yoann Jaumel. «J’étais là pour apprendre, pour prendre de la bouteille, de l’expérience, à côté de Yoann», confie Matthieu. Mais le début de saison de l’Arago fut très moyen, avec cinq points pris sur les six premières journées. Très vite, le staff technique a dû tenter des choses. Matthieu fut alors propulsé plus régulièrement sur le devant de la scène. Un bon troisième set contre Cannes, deux sets et demi cohérents à Nice et même une première titularisation à Nantes pour une victoire 3-2 le 8 décembre dernier !
On se dit alors que Matthieu est lancé. Mais la Covid passe par là, touche sa famille et l’éloigne des parquets pour raisons sanitaires, à Chaumont et contre Poitiers. Matthieu doit alors tout recommencer. Jusqu’à ce match contre Tours où Patrick Duflos l’installe à nouveau aux commandes fin janvier. Et où l’étudiant en Licence 2 Staps casse la baraque, avec à l’arrivée un succès 3-0 et un premier titre de MVP du match en carrière ! «Je vais être honnête, j’avais une petite appréhension avant ce match forcément. C’était Tours, une grosse équipe, le coach me faisait à nouveau confiance, je ne voulais pas passer à côté du match. J’ai réussi cela», dit-il dans un petit sourire.
Depuis, Matthieu n’a plus lâché la barre et l’Arago a compilé cinq succès en huit matches, en restant invaincu sur ses terres. Mais cela ne suffira vraisemblablement pas pour accrocher le Top 8 et les Play-Offs. A cinq longueurs de Poitiers, dernier qualifié pour l’instant, Sète qui se déplace à Tourcoing et Toulouse pour finir, doit faire le plein de points et espérer deux défaites du SPVB. «Il y a encore une petite chance d’être en Play-Offs, on y croit à fond, on va se battre, au moins pour bien finir la saison, même s’il y aura forcément un peu de déception si on n’y est pas», convient Matthieu.
Mais à 21, le minot du club aura, quoi qu’il arrive, beaucoup grandi cette saison. Lui qui se définit comme un «passeur plutôt atypique de part ma relative petite taille (1,84 m), un passeur défensif, calme et réfléchi» a encore beaucoup de chemin à faire, notamment sur le volet tactique qui sera son champ d’apprentissage prioritaire dans les saisons qui viennent. Mais il a clairement ouvert sa voie et sera toujours sétois à la rentrée prochaine. «Ce qui m’arrive cette saison, c’est formidable, pour montrer ce que je vaux et pourquoi pas lancer ma carrière. J’en profite, je prends beaucoup de plaisir et j’espère vivre encore de belles choses à Sète», clame Matthieu, les yeux fixés sur l’horizon.