
Cambrai, la belle gourmandise

Promu en LAM pour la première fois de son histoire, le club nordiste est en demi-finale du championnat et défie l’AS Cannes avec des ingrédients simples : état d’esprit, solidarité et valeurs collectives. Dans l’autre partie du tableau, Montpellier croise Chaumont pour un duel de très haut vol.
Il y a du plaisir aux commissures, de l’enthousiasme au creux des mots. Arrivé en LAM sur la pointe des pieds, au terme d’une saison de Ligue B inachevée, terminée dans le flou d’une pandémie qui s’étire et n’en finit toujours pas, le Cambrai Volley est, aux premiers jours du printemps, en demi-finale du championnat ! L’histoire est assez incroyable, elle a les contours du joli conte de coin du feu. Cambrai Volley, cette maison que l’on croyait posée là, en lisière de la quatre-voies pour l’éternité, amarrée, ancrée au port de la Ligue B pour la seizième saison consécutive en 2019-2020, venait enfin de passer le cap, pour sa première traversée du grand bain sans les brassards.
L’apprentissage serait donc rude, forcément. Le recrutement avait été tardif et le club cambrésien était en phase de découverte. Pourtant, tout est allé très vite, tout est allé très bien. A la tête de cette troupe d’exaltés du bonheur, Gabriel Denys, le coach, confesse, qu’il n’avait pas imaginé cela comme ça. Dans les rêves du staff nordiste, Cambrai avait de l’ambition certes, mais il visait un maintien tranquille et plus si affinités. Une demi-finale de LAM, c’est déjà presque un grand amour. «J’ai été étonné au début oui. Plus maintenant», glisse Gabriel, d’un ton enjoué, teinté de fierté aussi. «Ce qui m’a agréablement surpris, c’est de voir comment, assez vite, cette équipe a trouvé les automatismes et une fluidité dans le jeu. Dès la phase de préparation, on a compris que cette équipe pouvait être capable de faire de bonnes choses. Il y avait une solidité collective sur le terrain, mais aussi une osmose et une complicité en dehors du terrain. On s’est vite aperçu que ce groupe pouvait bien faire.»
Sixième de la saison régulière, Cambrai a essoré Narbonne, 3e, en quart de finale et le voici maintenant qui se dresse face à l’AS Cannes, qu’il a dominée deux fois en saison régulière, même s’il ne s’agira surtout pas de s’appuyer sur ces stats désormais obsolètes en Play-Offs. Surtout, Cambrai n’a rien fait de révolutionnaire pour en arriver là. Les ingrédients sont simples, l’idée déjà maintes fois éprouvée en sport collectif. Avec Yannick Bazin, Paul Villard et Ivan Jecmenica en gardiens du temple, porteurs du projet depuis cinq ans et l’arrivée de Gabriel Denys, avec Boris Takaniko, installé depuis quatre saisons, Cambrai voulait des bases solides et de l’expérience. Des joueurs pour transmettre et tisser le fil de l’histoire. «Ce sont des hommes extrêmement importants. Ils ont pris la mesure de la Ligue A et cette volonté de donner quelque chose à l’équipe. Ils sont un peu le fil conducteur. Il y a un an, on était loin d’imaginer pouvoir aller chercher cette demi-finale», raconte Gabriel.
Autour de ce noyau dur, encore fallait-il flairer, trouver, assembler comme il faut. Et Cambrai ne s’est pas trompé une seule fois à l’intersaison. «Il n’y a pas de mauvaise pioche dans le recrutement», convient d’ailleurs le coach cambrésien. Avec, en majuscule évidement, cette trouvaille, Daniel Cagliari. Car, il fallait avoir du nez pour aller chercher ce Brésilien gaucher, physique de 21 ans seulement, sevré de temps de jeu toute la saison passée, dans l’ombre de Wallace de Souza au Serc RJ Volei à Rio ! Meilleur marqueur de Ligue A (20,7 points de moyenne en saison régulière), deuxième serveur du championnat, le Brésilien a tout ravagé jusqu’ici cette année. «C’est une vraie belle trouvaille», concède Gabriel. «Daniel est mis en lumière cette saison car c’est le pointu, mais c’est aussi tout un travail collectif derrière pour qu’il puisse être mis dans les meilleures dispositions. Après une saison avec très peu de temps de jeu, il a vraiment faim, envie de performer.»
Et Cambrai, lui, n’a pas envie de s’arrêter, alors que se profile le duel avec les Dragons cannois. «Cette équipe ne se fixe pas de limite. On est toujours en train de vivre des choses ensemble. Avant tout, c’est une aventure humaine, c’est vraiment ce sentiment qui se dégage du groupe et qui fait notre force», résume l’entraîneur nordiste, qui n’a pas changé d’un pouce l’approche du match, sous prétexte que c’est une demi-finale de championnat. «On a joué cette saison en étant très vite libéré. Je sais qu’il y a une effervescence autour de ce rendez-vous, mais je n’ai pas envie que ça se tende dans notre préparation. Je souhaite que l’équipe reste dans ses habitudes. C’est en jouant libre et décomplexé qu’on arrive à faire de belles choses, sans se faire piéger par l’enjeu. Pour nous, c’est du bonus», glisse le coach, en cachant habilement l’ambition sous le matelas.
Dans l’autre demi-finale, en revanche, Montpellier comme Chaumont, ont la tête en l’air. Clairement. Pour le MVUC, leader imperturbable de la saison régulière, il faut maintenant valider tout le travail remarquable accompli. Et cela signifie simplement aller au bout. Pour le CVB 52, chahuté en première partie de saison, les idées sont désormais bien plus claires et le jeu bien mieux posé. Avec le renfort de Filippo Lanza, qui devrait débuter ce soir en Haute-Marne, le défi est excitant et l’objectif simple : conquérir un deuxième titre de champion de France après celui décroché en 2017.