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ligue nationale
de volley

Kévin, la force tranquille

le 17/11/2021
Arrivé à Tours à l’intersaison le champion olympique, Kévin Tillie, est l’une des stars de la LAM cette saison. Alors qu’il découvre le championnat de France, le réceptionneur-attaquant du TVB réalise un début d’exercice absolument remarquable au sein d’un effectif dont il loue d’abord la grande force de travail et l’état d’esprit irréprochable.
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En sept journées seulement, il a déjà posé son empreinte sur le championnat de France. En un peu plus d’un mois, Kévin Tillie, arrivé sur le sol français en défricheur, lui qui n’avait jusqu’à présent jamais évolué en LAM, s’est élevé plus haut que tout le monde. On s’en doutait un peu, mais la confirmation, pour l’instant, est éclatante chaque week-end. Pourtant, le champion olympique de Tokyo, ne voit pas du tout les choses ainsi. Aux laudateurs qui se massent déjà sur son chemin, Kévin, comme à son habitude, répond calmement, gentiment, et tire la couverture pour envelopper dans ce début de saison parfaitement réussi tout le groupe tourangeau et pas seulement lui. «On a un bon groupe, bien soudé, qui s’entend très bien, qui s’entraine dur, qui se bat beaucoup. On se fait confiance sur le terrain, on est assez calme, serein, même quand on est derrière sur les sets. Pour le moment, c’est le groupe qui fait que l’on gagne», avise le cadet d’une fratrie spéciale K dorée à l’or fin, bien à l’abri et protégé entre l’aîné, Kim, basketteur en Grèce et international, et le benjamin Killian, basketteur dans les étoiles, avec les Memphis Grizzlies en NBA.

Pourtant, cela aurait pu tourner vinaigre dès le début. Avant même les premiers ballons tombés, le TVB perdait, quasiment coup sur coup son pointu, Aboubacar Drame (tendon d’Achille) out pour la saison, et l’un de ses réceptionneurs-attaquants titulaires, Zouheir El-Graoui (fracture du métatarse), revu sur un match entier à Apeldoorn en CEV Cup la semaine passée. Mais Tours est une cathédrale du volley français. Ce club a déjà eu mille vies et les problèmes ont déjà hanté tant de nuits. Alors le groupe a réagi. Le technicien, Marcelo Fronckowiak, a revisité sa garde, remodelé son collectif. Pierre Derouillon a pris la pointe, Kamil Baranek est venu en renfort de la patrie, lesté de toute son expérience, et la formidable polyvalence de Kévin Tillie a fait le reste. Sa technique est un fondamental magnifique dans le secteur défensif et sa qualité de réception n’a pas dévissé d’un centimètre. C’est en attaque, surtout, que Kévin se retrouve aujourd’hui un peu plus sollicité. Et il marque (16,2 pts à 52,3% en attaque) et Tours est la seule équipe invaincue en LAM ! Mais là encore, ne lui demandez pas d’en faire des «caisses» sur le sujet. Le mot reste toujours poli et le verbe sans esbroufe. «En réalité, je ne change pas de ce que j’ai l’habitude de faire. J’essaie simplement d’apporter ce dont a besoin l’équipe. J’ai toujours fait cela tout au long de ma carrière. Je sais un peu tout faire sur un terrain, alors si on a besoin de moi à l’attaque, j’essaie d’apporter plus, s’il faut prendre plus de risque au service, je le fais aussi, si c’est en défense, pareil. Tout dépend des matches. Je n’ai pas de rôle déterminé en fait. Je fais ce dont on a besoin. Mon rôle, c’est d’aider», dit-il avec une humilité qui n’est surtout pas de façade.

A Tours, Kévin joue le premier rôle, mais il s’en défend presque. A Tours, il est surtout heureux de s’y être posé. Après un premier pan de carrière au parfum d’aventures, entre l’Italie, la Chine, la Pologne, la Turquie, l’international incontournable depuis dix ans découvre avec un onctueux plaisir les charmes d’une ville qui le séduit et les atouts d’un championnat qui exige une vigilance extrême chaque samedi. «Je suis très content d’être là, dans un club, une ville que j’adore. Je suis très content d’avoir trouvé un groupe sympa, où l’on rigole tous  les jours et où l’on s’entraîne dur. Il le faut car l’homogénéité du championnat fait que chaque match est dur, intense. Même sur des  3-0, il y a des sets très serrés. C’est un championnat où il faut s’attendre à tout. Après l’Italie, qui est un championnat très physique, la Pologne qui est très technique, avec beaucoup de feintes, ici, on trouve beaucoup de cultures de volley différentes selon le profil des équipes et c’est très enrichissant.»

Et cela le maintient en éveil, sur la crête d’une motivation qui n’a pas faibli, même après que Tillie et sa bande ont touché le Graal olympique suprême l’été dernier à Tokyo. «Ce que j’en garde aujourd’hui c’est le bonheur immense d’avoir réalisé un rêve avec une bande de potes», conte joliment Kévin. Le fait d’avoir perdu assez tôt dans le tournoi sa place de titulaire au profit de Trévor Clévenot n’a pas rongé d’un ongle son plaisir. «On était dans des moments difficiles, je comprenais les choix. Ensuite, Trévor a été très performant. Quand c’est comme cela, il n’y a rien à dire», résume dignement le réceptionneur-attaquant vedette du championnat, qui refuse cependant d’être envoyé seul, en héros, à la présentation des équipes, comme cela a pu lui être demandé déjà cette saison à l’extérieur. «J’ai refusé car là, c’est l’équipe de Tours ! Mais J’entends un peu les fans, les spectateurs m’encourager, crier mon nom, c’est sympa !», sourit Kévin, qui savoure un début de saison réussi et se régale de pouvoir à nouveau tendre l’oreille dans les salles, après une saison en sourdine. «C’est juste génial d’entendre du bruit», sourit celui qui, en à peine plus d’un mois de compétition, en a déjà fait beaucoup, de bruit, en LAM.

 

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