
«De belles choses sont arrivées déjà»

Pascal, qu’est-ce qui fait la réussite du TVB jusque-là cette saison ?
Il y a eu une qualité de recrutement qui pouvait laisser envisager une bonne saison. Après, entre une bonne saison et gagner, il y a toujours une marge. Il y a d’abord eu un début de saison cauchemardesque, avec les pertes d’El Graoui et de notre pointu, «Abouba» (Drame), qui n’a quasiment fait que dix jours avec nous, avec la rupture du tendon d’Achille. Il a fallu tout reconstruire en une semaine ! On a réussi à faire venir Kamil Baranek, qui a peut-être fait, à 39 ans, sa meilleure demi-saison ! On a constamment été en construction ou reconstruction. Mais il y a eu un gros travail de Marcelo (Fronckowiak), qui nous a apporté toute son énergie et sa compétence. Pour un entraîneur, arriver dans un nouveau club, perdre deux de ses meilleurs joueurs, retrouver malgré tout une stabilité, c’est très difficile, mais il a réussi à créer un groupe et ce groupe s’est un peu créer de lui-même aussi.
Quelle est justement la force, la personnalité de ce groupe ?
Il y a une très bonne ambiance d’équipe, un très bon groupe qui ne lâche jamais rien. Le début de saison dramatique nous a peut-être forgé un état d’esprit. C’est toujours facile à dire après. On a été habitués à prendre des coups cette année et on a toujours réussi pour l’instant à s’en sortir. Il y a aussi beaucoup de joueurs qui sont restés de l’an passé, où on avait connu une saison difficile. Ils se sont renforcés aussi de cette difficulté et il y a une belle osmose qui s’est créée. Il y a une vie de groupe paisible, les gars s’entendent bien, vivent bien. On gagne beaucoup de matches serrés, beaucoup de sets serrés. C’est une équipe qui joue sans beaucoup d’énervement, qui reste sûre de son jeu et qui communique beaucoup. Il y a de belles choses qui sont arrivées déjà. Après, on va voir comment se termine la saison. Mais déjà, pour nous en tant que club, c’est une grande satisfaction.
Qu’apporte l’arrivée d’un joueur comme Kévin Tillie, champion olympique, au Tours Volley-Ball. Quelles peuvent être les retombées d’une telle recrue pour un club comme Tours ?
Il est arrivé avec beaucoup de confiance. Une confiance qu’il a transmise tranquillement. C’est un leader tranquille et naturel, cela s’est fait de façon paisible. Après, son arrivée a aussi boosté notre public. Il y a une curiosité au départ à venir le voir jouer. Il y a aussi un boom économique sur le partenariat. Cela vient de l’arrivée de Kévin, mais aussi de l’effet JO qui a marché à plein sur Tours. Cela vient aussi du travail habituel du club de prospection, de communication. Le Tours Volley-Ball a beaucoup surfé sur la vague olympique.
Vous évoquiez le travail de votre coach en début de saison. Parlez-nous un peu de Marcelo Fronckowiak. Quel coach est-il ?
C’est quelqu’un qui ne compte pas son temps C’est aussi un grand communiquant, qui passe beaucoup de temps à communiquer avec les joueurs, collectivement, individuellement. Il travaille remarquablement en staff, il responsabilise tout le monde. Tout le monde a un rôle et il a énormément l’habitude de cela. Il a travaillé en Italie, en Pologne, au Brésil, avec l’équipe nationale du Brésil, il a une énorme expérience et il la communique parfaitement. C’est un homme qui dégage la joie de vivre, toujours sur le côté positif. On a connu Marcelo Fronckowiak qui était électrique sur le banc de touche. Avec l’âge, comme tout le monde, il s’est calmé (sourire). Et pour le Tours Volley-Ball, c’est une grosse valeur ajoutée. Les résultats parlent d’eux-mêmes.
L’exploit face à Modène en huitièmes de finale de CEV Cup est-il l’un des plus retentissants du TVB ces dernières années ?
Oui. Bon on a gagné une Coupe d’Europe il n’y a pas si longtemps (CEV Cup 2017). Là, on a seulement gagné un huitième de finale ! Mais oui, c’est un exploit retentissant parce que l’on a battu Modène, une équipe où il y a les «quatre fantastiques» quasiment, du moins quatre joueurs qui font partie des meilleurs du monde. C’est un exploit à ranger dans la vitrine. L’exploit est un retentissement, sans vouloir être présomptueux, mondial sur la planète volley ! Il est d’autant plus important qu’on est allé chercher la qualification à Modène, en perdant notre premier passeur, en jouant avec le deuxième qui a été parfait ! Dans cette dramatique-là, on a encore réussi à passer le cap. Tours Volley-Ball qui bat Modène, c’est une chose rare, mais c’est bien aussi pour le championnat français. Ça veut dire que le championnat français a vraiment une qualité, avec des clubs qui continuent à travailler. C’est un coup de projecteur intéressant. Ça veut dire que l’on peut faire des choses.
En quoi ce résultat peut vous porter pour le reste de la saison ?
Ça augmente le capital confiance. Maintenant, on ne va pas rester toute l’année sur le résultat de Modène. On n’a pas eu encore de moments difficiles en championnat, peut-être que ça va nous arriver. Là, il faut encore assurer la qualification (pour les demi-finales de la CEV Cup) à l’extérieur, ce qui n’est pas simple en Tchéquie. A un moment donné, en championnat, on risque peut-être d’y laisser des plumes. C’est la vie d’une saison.
Vous êtes au club depuis 1981, soit 40 ans. Vous êtes toujours animé par la même passion ?
Oui, je suis toujours animé par la même passion de réussir, de gagner des titres. Le TVB est une machine à gagner des titres. Le premier a peut-être été le plus facile à gagner, après c’est l’enchaînement des titres qui est le plus compliqué. C’est une lutte perpétuelle, mais la motivation est toujours là. Après, j’ai mon âge qui avance aussi (60 ans). Il n’y a pas de secret, j’ai annoncé au Tours Volley-Ball qu’il me restera encore deux saisons à faire. A un moment donné, les choses s’arrêtent, c’est le cycle de la vie. Et le Tours Volley-Ball fonctionnera toujours aussi bien sans Pascal Foussard. Le club est plus fort que les hommes, c’est le principe. Maintenant, c’est vrai que c’est une grande partie de ma vie.
Vous avez déjà eu droit à un clap de fin magnifique avec l’équipe de France et le titre olympique l’été dernier. Aviez-vous imaginé une telle fin d’histoire ?
Jamais ! Cela aurait été très présomptueux de penser qu’on allait partir sur un titre olympique. En plus, on est passés par tous les états à Tokyo : éliminés, qualifiés, re éliminés ! C’est la fin d’une très belle histoire, mais c’est surtout la fin d’une histoire humaine magnifique avec les gens du staff, qui ne sont plus des gens de staff mais des amis, à l’image de Laurent Tillie, Arnaud Josserand, Eric Verdonck, Thomas Bortolossi, Jean-Paul Andrea, tous les gens avec qui j’ai travaillé. Quand j’ai commencé en équipe de France (2013), elle était 23e nation mondiale ! On laisse, avec Laurent et cette team Yavbou, un héritage magnifique. J’espère que les gens qui le reprennent vont le faire fructifier et même faire mieux que nous. Mais il n’y a pas beaucoup de craintes car ils ont pris l’un des meilleurs entraîneurs du monde (Bernardinho) et ça ne peut que bien se passer.