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ligue nationale
de volley

«On a construit quelque chose de spécial»

le 07/05/2024
Alessandro Orefice, l’entraîneur des Mariannes, met en avant l’union de son groupe, sa grande force sur le jeu de transition et le gros travail de tout son staff pour expliquer la réussite de la saison de Paris-Levallois, nouveau champion de France LAF.
lnv

Qu’est-ce qui est le plus marquant dans ce titre de champion de France selon vous ?
La chose la plus importante, c’est la force et l’union du groupe, de tout le team. Je parle des joueuses et du staff. Le staff a été très important et m’a beaucoup aidé. Sans le staff, ce résultat n’aurait pas été possible. Le groupe a été solide dans les moments difficiles et on a travaillé ensemble à 100%. Sur le papier, l’équipe était une bonne équipe, mais je ne pense pas que c’était la plus forte.

C’est donc aussi la solidarité qui a mené ce groupe au bout ?
Non, ce n’est pas ça. Avec la solidarité, tu ne gagnes pas le championnat de France. C’est encore une fois l’union, le niveau montré par les joueuses et la connexion avec un top staff. L’équipe est arrivée à jouer le meilleur volley-ball, je pense. On a construit quelque chose durant la saison. Une saison pourtant très compliquée, avec trois compétitions, avec une demi-finale de CEV Cup contre Chieri. La chose s’est construite ensemble. Le recrutement, le projet sportif avec le même budget que Levallois la saison précédente : je crois que l’on a fait un travail incroyable pour une première saison. On a eu des moments difficiles au départ, pour s’installer, pour retrouver la même mentalité que j’avais essayé de donner au SF Paris Saint-Cloud l’année d’avant. On a construit quelque chose de spécial, qui n’est que le début d’un projet à plus long terme.

Quand on réussit une telle saison avec ce groupe, n’y-a-t-il pas un peu de frustration de devoir repartir avec une équipe quasiment toute neuve la saison prochaine ?
Ce n’est pas une frustration. Le sentiment que j’ai, c’est plutôt de la tristesse. Je construis le groupe comme un feu qui monte chaque jour un peu plus haut, pour arriver à brûler. Forcément, c’est un sentiment de tristesse d’un côté de ne pas continuer la Ligue des Champions l’an prochain avec ce groupe, mais d’un autre côté, je comprends le sport, le business. Cela me donne la température de ce que l’on a réalisé aussi. Les joueuses partent parce qu’elles ont atteint un très haut niveau et elles ont la chance de faire avancer leur carrière, de faire un step, comme par exemple Juliette Gelin, qui va jouer en Italie. Quatre joueuses (Palgutova, Thater, Alanko, Herrera) vont aller jouer dans la nouvelle LOVB (Ligue professionnelle américaine). Elles étaient avec moi l’an dernier déjà. Quand elles sont arrivées, elles n’étaient pas des super protagonistes sur le terrain dans le championnat et on a très bien travaillé avec elles, je pense, pour qu’elles montrent leur niveau. Ensuite, le club a des limites (budgétaires). On a gagné le championnat sans avoir le plus gros budget et cela me donne beaucoup de fierté. On a montré que le budget et l’argent ne donnent pas obligatoirement la victoire.

Sur un plan un peu plus technique, quelles étaient les qualités de cette équipe ?
Il est une chose qui a été une force toute la saison, c’est la connexion contre-défense et transition en attaque. Toute la partie «break point» pour nous a été une force importante. Surtout la transition en attaque, donc la contre-attaque. Dans la saison, on a été la meilleure équipe dans ce domaine, avec 26% d’efficacité, quand les autres équipes étaient aux alentours de 20-23%. J’ai vraiment beaucoup insisté sur la transition tous les jours, dans les exercices. C’est vraiment là, dans le jeu, qu’on a fait la différence.

Quand vous jouez Nantes, en finale, qui semble à ce moment presque invincible, quel est votre état d’esprit ?
On se retranche dans le travail. Tactiquement, on a préparé le premier match face à Nantes à un niveau de plus de 100%. Avec le staff, on a étudié toutes les «chevilles» de l’équipe, on a étudié super bien la passeuse, les situations minimales et maximales. On a préparé le match, je crois, de manière exceptionnelle. On a donné à l’équipe un «over boost» pour faire une dernière semaine de travail à fond et y croire. Tout au long de la saison, l’équipe était prête à combattre et toujours croire, rêver jusqu’au bout. Toute l’équipe était convaincue que c’était faisable. Nantes était l’équipe à battre et je l’ai dit tranquillement aux joueuses : «Vous avez la capacité de le faire». Le match 1 de la finale est peut-être celui où on a joué notre meilleur volley-ball de la saison. Mais avec ce système aller-retour et golden set, le 3-0 de l’aller ne servait à rien ! J’ai dit à l’équipe que l’on n’avait encore rien fait et qu’on allait jouer «une guerre» à Nantes. Et l’équipe a su rester solide, dans sa bulle. A 1 set 0 pour Nantes et 21-15 dans le 2e, j’ai appelé un vidéo challenge pour parler avec l’équipe et leur dire qu’on pouvait gagner ce set. J’ai regardé les filles dans les yeux et je leur ai juste demandé de croire qu’on pouvait le faire et au final, on l’a fait.

Un mot évidemment sur votre pointue, Bianca Cugno, qui termine la saison sur un match à 31 points et sera forcément l’une des joueuses-clé encore des Mariannes l’an prochain ?
J’ai vu quelque chose en elle dès le début. J’ai vu des vidéos d’elle il y a quatre, cinq ans, avant qu’elle n’arrive à Béziers. Elle a montré des qualités, mais je crois qu’elle n’est pas encore arrivée. Elle a fait de très bonnes performances mais aussi connu des moments difficiles durant la saison. C’est une jeune joueuse qui n’a que 21 ans et le job n’est pas terminé encore. Je suis très fier d’elle car elle a monté le niveau, step by step, et elle a été présente dans les moments importants. Elle a des qualités physiques remarquables, mais je suis convaincue qu’elle peut encore monter son niveau. Son développement n’est pas fini et on va continuer le projet avec elle l’année prochaine.  

lnv