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de volley

«On est une Ligue en or»

le 27/08/2024
Le président de la LNV, Yves Bouget, revient sur la saison écoulée, évoque la progression sportive et économique des championnats, la nécessité de développer encore les structures et les fonds propres des clubs et espère un grand boost après le deuxième titre olympique consécutif des Bleus à Paris cet été.
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Quel bilan tirez-vous de cette première année de Marmara SpikeLigue et d’association avec le groupe Tui ?

C’est un vrai succès. Un vrai succès d’abord par la qualité du partenariat, si j’écoute les équipes de Marmara. On a un partenaire content et agréablement surpris, ce qui veut dire que le deal est allé au-delà de ce qu’il attendait. Autant il était convaincu du potentiel du produit volley professionnel, mais il n’avait pas imaginé la puissance évocatrice du spectacle, sa dramaturgie ainsi que la qualité et la fluidité de la relation l’ont surpris, au-delà de ce ses espérances. Nous, on a la même sensation. On partage beaucoup de valeurs communes. La montée en niveau de la MSL, en termes structurels, économiques, fait que nos salles sont plus attrayantes, mieux organisées, plus dynamiques. Du coup, le spectateur s’y retrouve de plus en plus. Si je regarde les chiffres, on a encore progressé de 20% cette année en nombre de spectateurs et on a multiplié ce nombre par deux en moins de trois ans ! Quand je parle aujourd’hui de Ligue en or, on est une Ligue en or. Tous ces joueurs, champions olympiques, sont issus de nos clubs professionnels, qui les ont mis sur le parquet, qui les ont formés, qui les ont fait grandir et amenés à ce niveau-là. Si on fait ce bilan-là, au temps T, je trouve que notre Ligue a belle figure.

 

Il y a eu cependant quelques cas délicats. On pense notamment à la rétrogradation pour raisons financières du NRMV, qui était un club phare de l’élite depuis deux saisons ?

Oui, il y a parfois des hiatus économiques. Les clubs, par essence, sont indépendants. La Ligue le constate, regrette certaines dérives. Il y a des entreprises qui, parfois, économiquement parlant, rencontrent des problèmes. C’est le cas de Nantes. Ce n’est malheureusement pas une surprise. C’était un club sous surveillance de la DNACG. Preuve que la DNACG fait son travail et avait identifié les problèmes.

 

Mais dans votre projet de Licence Club, c’est une sérieuse entaille, non ?

Ça ne fait que renforcer la demande que j’ai, de fonds propres, auprès de ces clubs. Nos clubs ont une faiblesse bien connue dans le monde du sport professionnel. Beaucoup ont le côté rigoureux du chef d’entreprise, mais le sport de haut niveau, c’est aussi le grain de folie. Parfois, l’envie sportivement d’être parmi les meilleurs et de briller peut amener à déroger avec des critères de bonne gestion. Mais je ne vais pas reprocher ce grain de folie qui fait aussi les vertus de notre championnat, qui fait qu’il se bonifie. Mais je rappelle que tout cela, en bonne gestion, se fait avec des fonds propres.

 

Dans cette quête de fonds propres, les clubs sont-ils en progrès ?

Ça progresse. On a été extrêmement doux dans le procédé. Il ne s’agit pas de mettre les clubs en difficulté non plus, en ayant des exigences qui ne correspondent pas à la réalité. Dans notre Licence Club, les clubs devront être arrivés, dans quatre ans, à 10% de fonds propres dans leur budget. C’est très raisonnable. Ce qui veut dire qu’il faut accroître ses fonds propres, globalement, de 2 ,5% par an. Aller plus loin serait les mettre en difficulté alors que le but est de les fortifier. C’est aussi ce qu’il y a d’intéressant. Qui aurait mis un «bitcoin» sur le sacre de Saint-Nazaire, qui aurait mis un «bitcoin» sur Paris-Levallois en LAF ? Les budgets moyens sont en progression d’environ 15% chez les hommes et 30% chez les filles ! Cette Licence Club et le projet que l’on développe portent leurs fruits. Economiquement parlant, notre Ligue progresse, beaucoup. On avait des points d’équilibre sportif établis depuis plusieurs années, ils sont largement battus en brèche cette saison. Ce qui prouve qu’il y a une véritable dynamique sportive. Et cela va permettre à de nouveaux clubs de se structurer plus avant. Saint-Nazaire va faire un bond quantique en jouant la Ligue des Champions.

 

On a vu les difficultés de la Ligue 1 de foot à «se vendre» à la télévision, quelle va être concrètement la visibilité du volley pro sur les écrans à la rentrée ?

La LNV n’essaie pas de se singulariser, elle essaie de faire en sorte que le volley professionnel prenne un maximum de lumière. On a été les premiers à développer une TV streaming. Cette TV streaming fait 7200 abonnés l’année dernière, c’est loin d’être anodin. Au début de la mandature, il n’y avait même pas d’abonnés payants et les retransmissions étaient faites avec des smartphones. On est dans une position où on a notre propre outil, qui nous permet, contre vents et marées de toujours exister et de toujours produire de l’image. Derrière cela, on est toujours présent sur beIN, avec une petite interrogation étant donné les discussions entre les Ligue 2 de foot et beIN, et on sera toujours présent sur Sport en France pour notre Ligue Féminine. Je dirais que l’on a une visibilité maximale aujourd’hui. Mieux serait d’être présent sur une chaîne en gratuit le samedi soir, mais on n’y est pas encore (sourire). 

 

Cela fut un peu la folie douce quinze jours durant Porte de Versailles cet été. Comment la LNV peut-elle surfer sur le deuxième titre olympique consécutive de l’équipe de France masculine ?

Je pense qu’il y a trois niveaux sur lesquels on peut rebondir. D’abord, au niveau des partenaires. Dans les clubs, le titre olympique fait que des partenaires sonnent à la porte en disant : «Je veux en être !» L’image que donne notre équipe de France et le fait que notre sport corresponde aujourd’hui au désir sociétal sont de véritables accélérateurs Je ne vise personne, mais ce rugby qui parle tout le temps de ses valeurs, quand on fait la litanie de tout ce que l’on a vu cette année, ça suffit. Nous, on ne parle pas tout le temps de nos valeurs, on n’est pas un sport de revendication, on n’est pas des «fiérots», mais il n’empêche que ces partenaires ont bien identifié ces valeurs qui, sociétalement aujourd’hui, correspondent à ce qu’attendent les gens. Il y a de la sympathie, de l’empathie, de la bienveillance, un endroit où l’on est bien, où l’on partage, où l’on vient en famille sans se prendre un doigt d’honneur, sans entendre du « NTM dans les tribunes etc… Les partenaires économiques sont comme nous, ils viennent chercher ces valeurs simples, de convivialité. Le deuxième niveau a lieu au niveau de la Ligue. Quand je suis arrivé il y a trois ans et demi, quand on appelait un partenaire potentiel, il n’était pas là, il avait aqua poney, il avait plein de raisons pour ne pas nous prendre au téléphone. Aujourd’hui, on nous écoute. On ne nous dit pas oui, forcément, mais on nous écoute, une fois, deux fois, on discute. Les dossiers concernant la LNV se soupèsent. On est accueilli maintenant et écouté. On n’est pas toujours entendu mais on est écouté. Ensuite, le troisième point de valorisation passe par la billetterie. A nous de mettre cela en musique. Les gens vont venir dans les salles pour rechercher ce partage, cette humanité, ce sens de la fête qu’il y a eu pendant les Jeux Olympiques. Le volley est le sport des doubles champions olympiques ! Charge à nous de faire que dans nos championnats, on retrouve cette notion de fête, de spectacle partagé. On a trois portes d’entrée pour valoriser. Elles sont là. A nous d’être vigilants et avoir l’humilité nécessaire pour les utiliser au mieux.

 

Pour finir, il y a, à ce jour, treize clubs engagés en MSL. Va-t-on partir ainsi ou y aura-t-il un quatorzième cub invité ?

On a parlé de Licence Club, de fonds propres, de volonté de structuration. Le chemin le plus court, c’est la facilité, mais ce n’est certainement pas cela qui fait progresser. Aujourd’hui, est-ce qu’il est de l’intérêt de la MSL, pour faire un chiffre rond qui fait plaisir à je ne sais pas qui, d’intégrer une quatorzième équipe ? Qu’est-ce que cela change ? Aujourd’hui, je veux bien être à 14, je veux bien être à 20, à partir du moment où j’ai des clubs qui sont structurés, pérennes, viables économiquement et capables de financer une saison de MSL correspondant à la qualité de spectacle que l’on veut donner. Faire monter un club de Ligue B, avec un budget de Ligue B, qui aura du mal à joindre les deux bouts, ce n’est pas ce que l’on essaie de construire. Le budget moyen en MSL est à 1,6 million, le budget médian est à 1,7. Aujourd’hui, on est cohérent avec ce que l’on défend autour de la Licence Club. On comprend la déception de certains mais nous bâtissons une ligue Pro pas un sport fédéral avec une section Pro. Ce serait une erreur de stratégie colossale que d’accepter des clubs qui n’ont pas les moyens d’exister en MSL.     

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