Alexandra, la belle empreinte
Les mots sont posés là, calmement. Sans euphorie ni précipitation. Avec le recul et la lucidité sur les choses que lui procurent aujourd’hui son parcours, son vécu, ses expériences de vie. A 33 ans, Alexandra Dascalu pose là le parchemin d’une carrière qui, comme elle le dit joliment dans un sourire, la rend «plus fière que pas fière». Entre discrétion et humilité, presque un peu gênée de devoir s’arrêter un instant, alors qu’elle entame sa troisième saison consécutive à Marcq-en-Barœul avec toujours de grandes idées en tête. «Je ne sais pas trop quoi dire. Quand vous commencez une carrière, vous avez plein de rêves en tête. Certains se réalisent, deviennent des objectifs, d’autres pas. L’un d’eux, pour moi, était de faire les JO. J’y ai renoncé en prenant ma retraite internationale. Mais j’étais en paix avec moi-même. Le fait d’y renoncer m’a aussi permis de vivre plein de choses à côté. J’ai consacré du temps à mes amis, ma famille, mon mari. Mon choix a été celui-là et j’en suis heureuse franchement. J’ai pu regarder les JO sans problème et j’ai vibré avec tout le monde», résume posément l’attaquante internationale.
Désormais, c’est avec le VCMB qu’Alexandra, fille de l’entraîneur Pompiliu Dascalu, figure du coaching en France et notamment au TFOC, quête les émotions et nourrit son ambition. Bercée à Nantes au début de sa carrière, passée longuement par Paris, l’ancienne attaquante de l’équipe de France a rempli son disque dur en Italie, en Roumanie, pays de ses racines paternelles, s’est aussi arrêtée en Pologne et en Suisse. Bref, un chemin propice pour y laisser de belles empreintes.
Dans ses pas, le VCMB a pris d’emblée un magnifique raccourci en allant s’imposer en terre cannettane samedi dernier (1-3), sur le sol du double champion de France 2022, 2023. Meilleure marqueuse du match avec 21 points (dont 3 aces et 3 contres), Alexandra a réussi son entrée et apprécié la personnalité d’une équipe dont elle guide les pas, en tant que capitaine. «C’est hyper positif évidemment. Les équipes sont encore toutes en train de se roder. Mais on est une équipe de bosseuses. On a envie de travailler, de tirer dans le même sens. Il y a un fort esprit d’équipe. Quand ça été difficile, à aucun moment on ne s’est dispersées, on est restées ensemble. Année après année, on n’a pas de stars à Marcq. Ce qui va faire notre force, c’est le collectif. Il faut que l’on s’accroche à ça.»
Pour sceller une place en Play-Offs le plus rapidement possible d’abord et évaluer ensuite d’autres perspectives. Voilà l’une des belles idées. Et Alexandra veut allier le geste, l’exemple et les mots pour emmener tout son monde. «Les leaders se révèlent véritablement sur le terrain. Je veux bien prendre cette place. J’essaie de driver mes coéquipières dans le bon sens, d’être positive, dans la combativité, de pousser au travail tout le temps, de rassurer. Je ne suis pas quelqu’un de rentre dedans, j’essaie d’être bienveillante et d’amener de la sérénité, une force tranquille. Si je peux apporter cela sur terrain, je serai satisfaite.»
Au fil de ses années de carrière, c’est sur ce terreau-là, celui des convictions et de la tranquillité, qu’Alexandra estime avoir beaucoup grandi. Elle connaît aujourd’hui le jeu par cœur et son approche est désormais plus fine. «Je me sens beaucoup plus à l’aise sur le terrain, dans ce que je fais. La différence s’est faite surtout au niveau mental. J’ai gagné en sérénité, en confiance aussi», assure la fine lame du Nord. Et même si les réveils musculaires et les sorties de match sont sans doute un peu plus délicats qu’à 23 ans, Alexandra reste une pointue affûté, explosive et de premier plan dans ce championnat. «Je me sens «fit» et tonique, performante encore à 33 ans. Je ne me sens pas vieille», clame-t-elle.
Le fruit d’une hygiène de vie et d’une dévotion à son sport qui ne se sont pas démenties. A Paris, Alexandra ne s’est jamais perdue dans les lumières de la ville, préférant récupérer que déambuler. «La vie est un peu la même quelle que soit la ville. J’étais à Paris pour le volley. Piétiner dans les musées, ce n’est pas très bon pour la récupération», sourit la grande sœur de Silvana, avec laquelle elle joua au SF Paris Saint-Cloud en 2016-2017, et qui évolue maintenant au Luxembourg, au VC Steinfort, sous les ordres du…papa ! Bien dans son jeu et dans sa tête, Alexandra veut donc encore étirer les jolis moments. Un deuxième succès de suite, face à Béziers, samedi, dans un duel d’invaincus, en serrait un premier assurément.