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«Ma priorité, ce sont les clubs »

le 10/10/2024
Le nouveau président de la Ligue Nationale de Volley, Jean Azéma, détaille les grands axes de travail qu’il entend mener durant quatre ans, en faisant preuve de bon sens, en tenant compte d’une priorité fondamentale, celle des clubs.
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Qu’est-ce qui a motivé votre engagement à la tête de la LNV ?

Ce n’est pas une démarche d’ambition personnelle. Après avoir vécu quatorze ans de présidence des Spacer’s de Toulouse, après avoir participé à la fusion des sections volley du TOAC et du TUC, il y a déjà 30 ans, pour créer ensuite les Spacer’s, j’aspirais à prendre du recul. Je n’étais donc pas parti pour reprendre du service à une présidence quelconque. Ce sont les évènements, la direction prise par l’équipe précédente et le fait que beaucoup de présidents ne désiraient pas quitter la direction de leur club, qui ont fait que je me suis décidé à briguer ce poste. Ma réflexion a pris du temps, quasiment un an. Il fallait un leader, quelqu’un qui pouvait fédérer, capable d’avoir une vision et qui avait de l’expérience. Et aux yeux des présidents qui me suivaient, quelqu’un qui avait aussi les qualités pour apaiser les tensions naissantes depuis quelque temps, au sein de la LNV, et au-delà.

Quels vont être vos axes de travail prioritaires sur les quatre années à venir ?

Le premier c’est d’insister justement sur la qualité du relationnel. Remettre du liant entre la direction de la LNV et les clubs, rétablir des relations sereines avec la Fédération Française de Volley, le ministère, notamment la direction des sports, et également avec les collectivités territoriales. C’est une démarche qui amène à se rendre sur le terrain. C’est ce que j’ai fait immédiatement après mon élection. Le premier week-end de la MSL et de la SP6, j’ai fait le déplacement à Cannes et à Nice, et le week-end suivant à Montpellier, Narbonne et Béziers pour assister au match de Sète. Cela a été aussi l’occasion d’écouter les attentes des entraîneurs et des arbitres. Je me rendrai disponible en cours de saison pour être au plus près des clubs.

Le deuxième est centré sur la méthodologie. Revoir la façon de travailler entre la LNV et les clubs, jugée beaucoup trop verticale aux yeux d’une majorité de présidents. Partant du principe que si le pouvoir vient d’en haut, la confiance vient d’en bas, je ne chercherai pas à imposer sans consulter. Les instances de la LNV, l’Assemblée Générale, le Comité Directeur et le Bureau doivent pouvoir remplir pleinement leurs missions respectives. L’idée est de travailler d’une façon plus ouverte, avec une approche plus horizontale des projets élaborés de façon collective au sein des commissions.

Enfin, le troisième, c’est le fond, la politique. La professionnalisation du volley français ne date pas d’aujourd’hui, elle a débuté avec la création de la Ligue Promotionnelle de VB, en 1987. C’est un long et lent processus, mais il est notable que depuis une dizaine d’années le rythme s’est accéléré. Il faut poursuivre dans cette direction, tout en considérant que le volley professionnel n’est pas hors sol, et qu’il évolue dans un monde qui s’impose à lui. On a tous en tête la crise sanitaire de la COVID, la guerre en Ukraine et ses conséquences inflationnistes, les trop nombreux dépôts de bilan d’entreprises et l’instabilité politique. Cela étant, la LNV et les clubs ne désarment pas, et visent toujours à satisfaire aux exigences du professionnalisme. Regarder les étoiles, tout en gardant les pieds sur terre ! 

Le fond est donc bien essentiel. Concrètement, que va devenir la Licence Club, instaurée par votre prédécesseur, Yves Bouget ?

La Licence Club est un cahier des charges pour évoluer en LNV, et cela n’est pas remis en cause. Au vu de l’expérience, il faudra cependant l’orienter pour lui donner un caractère incitatif, alors qu’il est perçu comme trop coercitif, trop tatillon, malgré la démarche pédagogique de la commission en charge du dossier. Et puis, pour de nombreux présidents, le cadre donné est trop restreint. Un club, ce n’est pas uniquement des murs, un nombre de contrats et de l’argent. Un club, c’est aussi un acteur de la société, dans la cité, et son aura dépasse ces considérations. On mesure aussi la nature et la dimension d’un club à sa politique d’implantation sur le territoire, son projet de développement.

Cela veut-il dire un allégement de ce cahier des charges pour les clubs LNV ?

Je ne parlerais pas d’allègement, puisque je pense qu’il faut l’enrichir et introduire d’autres critères d’évaluation. En revanche, on peut simplifier, supprimer les doublons, alléger la tâche de clubs, car dans ce genre d’exercice, on tombe facilement dans une certaine forme de bureaucratie ! Je parlerais plutôt d’élargir le cadre de la Licence Club. Il y a des exemples intéressants ailleurs, le Label de la Ligue nationale de Basket notamment. On va prendre le temps d’évaluer le dispositif pour le rendre plus performant.

Parmi les mesures que vous défendez, il y a aussi l’élargissement du nombre de clubs dans les championnats, notamment en LBM. Aujourd’hui, on est à 35 clubs professionnels sur les trois championnats LNV. Or la convention passée avec la fédération vous permet d’engager jusqu’à 40 clubs.

Pour être plus précis, 42 équipes pourraient évoluer en LNV, dont les deux équipes de France Avenir féminin et masculin, soit 40 clubs professionnels effectivement. Parvenir sur les années qui viennent à remplir le contrat, cela ne me semble pas insurmontable. Par exemple, cette année, un club a candidaté pour la MSL, et deux pour la LBM. Ils n’ont pas été retenus, mais les candidatures existent bien. Ces dernières années, il semble qu’on ait perdu de vue que la LNV a pour mission d’assurer la promotion du volley professionnel, et donc d’inciter d’autres clubs à se lancer dans l’aventure du professionnalisme.  Ce n’est pas en réduisant le nombre de clubs qu’on va augmenter la visibilité du volley professionnel, et je ne suis pas un nostalgique des années 70-80 où une dizaine de clubs, toujours les mêmes, se disputaient le titre !

Mais y a-t-il dans le paysage du volley français aujourd’hui, au vu de la situation économique délicate pour le sport français, on l’a vu notamment avec la chute du NRMV cet été, quarante clubs capables d’évoluer en LNV, selon vous ?

Malheureusement, les dépôts de bilan et les redressements judiciaires qui touchent tous les sports professionnels, et pas uniquement le volley, ne sont pas une nouveauté. La LNV doit tenir un discours de prudence empreint de réalisme : «Je préfère que vous vous mainteniez avec zéro déficit, plutôt que d’essayer de monter très haut, très vite et vous casser la figure !». Dans la pratique, nous allons identifier les clubs en difficulté et nous nous rapprocherons d’eux pour les soutenir, les conseiller. Une démarche qui vaudra d’ailleurs pour les clubs d’Elite qui ambitionneraient le passage au professionnalisme.

Comparaison n’est pas raison, j’en suis bien conscient, mais je ne peux m’empêcher de regarder ce qui se passe dans les autres sports de salle comme le hand et le basket. Le hand professionnel masculin, c’est 31 clubs, dont 16 en D1, et le basket, c’est 38 clubs, dont 18 en D1. Le volley professionnel masculin, c’est 22 clubs, dont 13 en D1, et si nous remplissions la capacité octroyée par la convention FFvolley/LNV, nous serions à 27 clubs. Alors, pourquoi pas 40 clubs professionnels en LNV ? Je sais, on va me rétorquer que les budgets ne sont pas comparables. C’est vrai, mais ce qui est vrai aussi, c’est que les écarts entre les budgets les plus gros et les plus petits sont beaucoup plus importants D1 au hand, 13,5 M€, et au basket, 23 M€, comparés au volley, 1,4 M€. Et pourtant, ces clubs évoluent dans la même division !

Je veux bien entendre qu’il y ait une économie du volley qui n’est pas comparable à celles des autres sports, mais je me dis que le contexte sportif est très favorable au volley et qu’il faut surfer sur la vague des deux titres olympiques de l’Equipe de France. Effectivement, comme je l’ai déjà dit, il faut contextualiser, et prendre acte notamment qu’il n’existe pas de croissance forte des sports professionnels. Si cela concerne les sports fortement médiatisés, on comprend aisément que le volley professionnel est concerné. Pour autant, il ne faut pas tomber dans le catastrophisme !

Vous êtes également favorable à un temps d’activité des clubs plus important sur la saison LNV ?

Le constat est que le temps d’exposition du volley professionnel sur l’année est insuffisant, et que cela constitue un frein à la reconnaissance du volley et par voie de conséquence au développement économique des clubs. Evidemment, la LNV peut créer elle-même des événements de promotion, comme la Super Coupe, mais l’objectif serait plutôt de créer les conditions que les clubs soient eux-mêmes valorisés plus longtemps dans la saison. Evidemment, l’activité du championnat doit être sanctuarisée, car il y a là des enjeux très importants. En revanche, nous constatons que les clubs organisent de nombreux matchs amicaux en avant-saison. Peut-être pourrait-on exploiter cette activité sous l’égide de la LNV ? Il faudra donc faire preuve d’imagination et d’innovation et engager une concertation avec tous les acteurs concernés, dirigeants, les représentants des entraîneurs et des joueurs. C’est aussi une question d’économie des clubs.

Le premier comité directeur s’est tenu mardi. Qu’en est-il sorti ?

Nous avons tenu cette première réunion au siège de la FFvolley qui a mis ses locaux à notre disposition. Je remercie Eric Tanguy pour son accueil. L’ambiance était bonne et les échanges riches. Un relevé de décisions sera communiqué aux clubs dans les meilleurs délais. Mais ce que je voulais souligner, c’est le vote unanime du CD pour constituer un Bureau où les secteurs masculin et féminin auront dorénavant le même poids, quatre représentantes et représentants chacun. C’est une première et c’est la volonté d’une LNV plurielle et inclusive.  

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