Lukas, les bons souvenirs de France
Il y a des sourires dans les mots posés par Lukas Demar, avec cette petite pointe d’accent d’Europe Centrale, qui donne encore un peu plus de couleurs au plaisir de se retrouver ici, à nouveau. Cinq ans après un dernier passage par Cambrai, qui venait ponctuer le temps d’apprentissage au volley français du jeune réceptionneur-attaquant, Lukas est de retour sur les terres de France qui l’ont élevé et fait grandir.
Pupille du CNVB, nourri aux premiers grains nantais, au NRMV en 2016-2017, sous le regard paternel intransigeant de Martin, son premier coach chez les pros, Lukas retrouve le championnat de France, cinq ans après, dans un tout autre costume. Celui d’un joueur de 28 ans, plus mature, plus confiant en lui-même, notamment au block et en réception, fort d’une expérience qui l’a porté de l’Allemagne jusqu’à ses racines tchèques ces cinq dernières saisons. «J’ai beaucoup progressé dans la tête», admet Lukas. «J’ai pris de la confiance, je suis un peu plus calme sur un terrain. C’est venu un peu avec l’expérience, notamment sur certains aspects où je n’avais pas confiance, comme la réception, le block. Maintenant, ces choses-là, je les prends différemment. J’ai plus confiance en moi, ça aide beaucoup. Je sais que si je fais une faute, je vais réussir à revenir sur le point suivant. Avant, ce n’était pas le cas. Quand tu es jeune joueur, tu penses à ta faute, tu rumines toujours un peu.» A Liberec, où son père l’a de nouveau coaché durant deux saisons, Lukas a même le sentiment d’avoir pleinement épousé les contours de la fonction. «A Nantes, sous les ordres de mon père, j’étais jeune, c’était compliqué, je n’arrivais pas à prendre le message. En Tchèquie, en revanche, ça s’est très bien passé. On a même tous les deux été surpris que ça se passe aussi bien !», sourit le fiston.
Désormais, Lukas avance avec sérénité, lancé dans un joli challenge avec l’AS Cannes, de retour dans le premier cercle professionnel du volley français, après son titre de champion LBM au printemps dernier. D’autant qu’il ne vit pas cette aventure tout seul. Dans le tumulte du Covid des années 2020-2021, son exil à l’étranger était aussi guidé par le désir de se rapprocher des siens, en République Tchèque, et surtout de sa compagne, Adela. Cet été, il n’est donc pas revenu seul en France. Avec lui sa compagne, et femme depuis un peu plus d’un an, s’est lancée dans l’aventure ! Adela Demar, également joueuse de volley professionnelle, a signé au Voléro Le Cannet. Et les jeunes mariés vivent intensément ce début de saison en miroir, en allant soutenir l’autre, quand le planning des matches de chacun le permet. «C’était la première fois qu’elle quittait le pays. Quand elle est arrivée, c’était un peu difficile au début. Maintenant, elle s’est acclimatée, tout se passe bien. C’était important pour moi de montrer ma «deuxième vie» à ma femme. C’est magnifique», glisse Lukas, sur un ton empli d’émotion.
Entre les cours de français, qu’il lui prodigue dans les interstices des entraînements de l’un et l’autre, Lukas est focalisé sur ce lancement de saison très encourageant des Dragons. Après deux succès initiaux, la défaite à domicile face à Chaumont n’a pas éraflé les intentions ni les promesses entrevues jusque-là. Pour Lukas, cette équipe a du cœur et du caractère. «Le début de saison est bien, voire très bien», confirme-t-il. «Personne ne s’attendait à deux victoires d’entrée, surtout en jouant Saint-Nazaire. Pour l’instant, de ce que je vois, on doit batailler à fond sur un terrain. L’esprit d’équipe est important. On doit tout laisser sur le terrain. Certains joueurs chez nous transmettent beaucoup d’émotions aussi. Dès que l’on a ça, on défend beaucoup plus de balles. On est une nouvelle équipe dans le championnat, on se pose logiquement la question : A-t-on le niveau ou pas ? Il faut tout le temps qu’on soit dans la bagarre». Avec le maintien comme horizon raisonnable, mais sans s’interdire de porter le regard plus loin. «En tant que joueur, j’aimerais être dans les Play-Offs», sourit Lukas, avant d’aller défier l’invaincu Montpellier, dans l’Hérault samedi. «Il faut profiter de ces matches-là. Ce sont des bons matches, il faut mettre la patate, ne pas être en mode défaitiste», clame le néo-Cannois, heureux de se rappeler aux bons souvenirs de France.