
« On ne s’enflamme pas »

Igor Juricic, le coach de Tourcoing, qui reçoit Rennes ce soir pour le choc de la 7e journée de LAM, apprécie le début de saison de son équipe et se dit fier d’occuper la tête du championnat, même s’il reste très humble par rapport à la réussite actuelle du TLM.
Igor, quel regard portez-vous sur ce début de saison réussi du TLM ?
On est là, on est premier, mais on ne s’enflamme pas. On n’a pas attendu d’être où on est aujourd’hui, mais on y est. Maintenant, c’est un super challenge, il faut le vivre pleinement. Jouer ce soir contre Rennes, une équipe très expérimentée, très forte, construite avec un gros budget, avec trois réceptionneurs attaquants à gros profil, c’est un beau rendez-vous. L’effectif rennais est large, il y a du gabarit, du physique, de l’expérience. Maintenant nous, on a la jeunesse, le physique aussi. Je compte sur notre enthousiasme, notre énergie. On verra.
Après la saison passée plutôt compliquée, cela doit être agréable de se retrouver en pareille position ?
L’an passé, on n’a juste pas gagné les matchs qu’il fallait gagner au début de la saison. Contre Rennes, on mène de deux sets, on est devant de 5, 6 points et on n’arrive pas à conclure. C’était une occasion de lancer la saison. Après, on a eu des difficultés physiques, certains joueurs sont arrivés blessés. Ce n’est pas simple de donner une ou deux phrases d’explication. C’est une saison où on n’était pas en réussite. Mais je peux vous assurer qu’on a tout donné pour s’en sortir, on a travaillé pour jouer les Play-Offs. Mais là encore, dans les moments décisifs pour accrocher une place en Play-Offs, on a eu des blessés et ça nous a empêchés de faire quelque chose de plus.
Est-ce que vous n’étiez pas plus attendus aussi, après une saison remarquable en tant que promu il y a deux ans ?
Peut-être oui. Mais encore une fois, on a eu des difficultés plutôt avec nous qu’avec nos adversaires. Après, cette saison compliquée est aussi une très bonne école. Pour moi, à titre personnel, ça va me servir pour ma carrière. Comment réagir, si ça m’arrive encore une fois. J’ai déjà l’expérience d’une saison comme ça désormais.
Quelles orientations avez-vous voulu donner à votre équipe cette année ?
On a beaucoup renouvelé l’équipe. Pas seulement parce que la saison n’était pas réussie l’an passé. Mais aussi parce que des joueurs étaient restés au club pendant des années et ils ont eu envie de voir autre chose. C’est normal. On s’est tous séparés en très bons termes. Il n’y avait rien de méchant, c’était quelque chose de naturel. Le deuxième temps, c’était comment renouveler l’équipe, avec une perte de budget. Ça c’était aussi un élément important : construire l’équipe avec un budget moins important que l’an passé. On a analysé la saison passée. Moi j’ai toujours été intéressé par les jeunes joueurs en capacité de venir se montrer en France. C’est une bonne vitrine avant de partir ailleurs, dans les meilleurs clubs, les meilleures Ligues. C’était mon objectif de début de recrutement : voir s’l y avait des pistes pour des jeunes joueurs à gros potentiel. Mais je voulais aussi que le groupe soit encadré par des joueurs plus expérimentés, comme Ronald Jimenez, Julien Lemay, libéro confirmé qui est certainement le meilleur réceptionneur du championnat, Pedro le passeur. Notre moyenne d’âge cette année est de moins de 22 ans ! On a une équipe qui n’a pas beaucoup d’expérience, avec pas mal de joueurs qui n’ont jamais joué à l’étranger. Il y a une jeunesse, mais quand même un peu d’expérience autour. Et on a une éthique de travail qui est vraiment élevée. Les joueurs, le club sont ambitieux. Cette équipe a déjà pas mal de caractère. C’est une équipe qui vit bien.
Etes-vous surpris par la rapidité d’adaptation de votre jeune équipe à la LAM ?
Je savais que certains joueurs étaient vraiment à gros potentiel. Je n’ai pas envie d’en ressortir individuellement. C’est une équipe qui a du potentiel, il faut qu’on travaille, on est juste au début. On reçoit Rennes ce soir, on va à Nantes la semaine prochaine, puis on reçoit Sète. On va pouvoir un peu plus évaluer les forces. On est très content avec ce début de championnat, mais une saison c’est un marathon, il faut tenir, il faut continuer à faire les choses qu’on fait bien depuis le début, mais il faut aussi progresser. On a une marge de progression.
Le TLM a changé de président au printemps dernier, le club a vraiment un projet ambitieux sur les trois ans qui viennent !
Le club change de visage, un nouveau président est arrivé, qui a vraiment organisé les choses de la bonne façon. Il y a un gros progrès. Malheureusement, en France, il faut encore beaucoup travailler pour présenter ce sport, le volley, comme un sport professionnel. Il faut montrer qu’à côté de l’équipe nationale française, qui fait un bon boulot, pour représenter le volley, montrer que ce sport est sérieux, nous aussi, les clubs, on fait les efforts, même si, quand le championnat démarre, tout cela on ne le voit plus. Tourcoing est une ville de volley, de tradition, cette région mérite d’avoir un club qui puisse être un prétendant au titre dans le futur. Il y a toutes les conditions et il faut continuer à travailler pour.
Comment vivez-vous avec cette première place. Cela génère-t-il un peu plus de pression ?
Non ! Mais on est fier, très fier. Et il faut avoir cette énergie, cette fierté d’être où on est. On est conscient que derrière nous, il y a seulement six matches joués. Le rythme est vraiment élevé, le championnat encore plus homogène qu’avant. Il ne faut pas vivre dans la « beauté » de cette première place, il faut rester dans le danger. Notre objectif n’était pas d’être premier, mais on veut faire une bonne saison. Alors si ça, c’est le début d’une belle saison, on prend (sourire) !