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Les Français d’attaque en MSL
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Faire tomber les ballons, frapper le sol à grand bras, n’est donc plus aujourd’hui une tâche réservée aux galonnés étrangers. En Marmara SpikeLigue depuis quelques années, cette mission de prestige, œuvre de pointes ciselées ou d’attaquants féroces, est aussi dévolue désormais à la phalange tricolore.
En 2024-2025, les Français sont d’attaque ! Suivant une brèche ouverte il y a plusieurs années déjà, dans l’élan désormais de plusieurs générations dorées qui élargissent allègrement les perspectives, les équipes de MSL ne traversent plus nécessairement les frontières pour trouver leurs maîtres d’œuvre offensive.
La France du volley gagne à l’international et le réservoir est plein de talents et de promesses. Club historiquement formateur, Toulouse, calé pour l’heure dans le Top 5 de MSL, fait ainsi presque du 100% français et cela plaît beaucoup à son homme de coin, Patrick Duflos. «C’est une bonne chose que les Français aient la chance de s’exprimer dans ce championnat. Les jeunes qui arrivent ont du potentiel et ils l’expriment plutôt bien. Il y en a chez nous, mais ailleurs aussi, avec Mathis Henno, Pierre Toledo à Chaumont, Nathan Canovas au Plessis Robinson et d’autres... En premier lieu, ils jouent parce qu’ils sont bons. Pour moi, l’âge n’est plus un critère», résume l’entraîneur des Spacer’s.
Surtout, les Français s’exposent, plus que jamais en MSL, à des postes offensifs à haute responsabilité. Ainsi, on en dénombre cinq dans les vingt meilleurs marqueurs de la Ligue : le Toulousain Nathan Féral (5e), le Chaumontais Pierre Toledo (7e), le Tourangeau Antoine Pothron (11e), le Chaumontais Mathis Henno (17e) et le Robinsonnais Nathan Canovas (18e). Six même si on compte Earvin Ngapeth, qui apparaît encore à la 19e place du classement. Ils sont même neuf dans les trente premiers scoreurs, quand ils étaient six dans la même tranche la saison dernière et cinq seulement il y a deux ans.
La tendance est donc aujourd’hui clairement avérée. Double champion olympique chez les «grands», auteur d’un triplé historique chez les jeunes l’été dernier aux Euros des U22, U20 et U18, le volley masculin français engrange les médailles et la confiance qui va avec. Car, cette jeunesse qui déboule dans le championnat pour faire les points et lever les foules ne craint rien ni personne. Audacieux et impavides, à l’image de la doublette toulousaine, Nathan Féral (21 ans) – Noa Duflos (17 ans), bien épaulée par un excellent Tom Picard, troisième musicien offensif de l’orchestre, les «Frenchies» entrent franco dans le jeu, sans hésiter ni peur de clamer leurs hautes ambitions. «Cette génération est un peu décomplexée», admet d’ailleurs Patrick Duflos, qui se régale au quotidien avec ses minots. «Ils gagnent en équipe de France jeunes, ils ont pris l’habitude des matches de haut niveau et ils accrochent des titres. En championnat, ils voient clairement qu’ils ont le niveau, qu’ils n’ont rien à envier aux autres. On a trois générations de suite de top niveau. Ça crée un vivier de joueurs très intéressant à beaucoup de postes, avec pour certains des profils de très haut niveau.»
Des profils qu’il sera évidemment difficile, voire impossible, de conserver bien longtemps dans le giron lnv. Les médaillés olympiques ont déjà largement ouvert la voie à l’international depuis une dizaine d’années. Les récents succès de la jeunesse française sur les scènes européennes ne vont certainement pas ralentir le mouvement. «Il y en a plusieurs qui vont partir, dès la saison prochaine», prédit déjà Patrick Duflos. «Notre championnat est attractif sportivement et on est très regardé. L’Italie et la Pologne regardent beaucoup ce qui se fait chez nous et viennent chercher les joueurs qui les intéressent.» La rançon de la gloire quand on possède une jeunesse éclatante.