
«Chalon est à sa place»

Pour la première fois de son histoire, le VBC Chalon va évoluer en Ligue professionnelle. Cela représente quoi pour votre club ?
D’abord, ce n’est pas aboutissement car cela voudrait dire que derrière il n’y a plus de projet. C’est une étape, une très belle étape, un très beau challenge réussi. C’est dur de faire vivre le volley dans une région qui n’a pas de référence volley. On est quand même dans une région qui est très basket. Entre Chalon, Dijon, Bourg-en Bresse, il y a trois clubs en première division de basket et faire vivre le volley est un challenge. C’est une formidable réussite, un travail de plus de dix ans pour y arriver.
Vous terminez 4e de la saison en Elite, qu’est-ce qui fait que vous foncez et que vous acceptez cette wild-card quand on vous la propose ?
Pour moi, il fallait impérativement qu’on se sorte de ce championnat Elite. On a toujours voulu avoir un modèle vertueux, on a toujours géré le club comme un modèle entreprise. On a toujours été sur des cycles de trois ans. Cela fait onze ans qu’on est sorti du giron championnat régional. On a mis trois ans pour monter de N3 à N2, trois ans pour monter de N2 en Elite et trois ans d’Elite en Ligue B. On est vraiment sur une construction, une projection au même titre qu’une entreprise.
Il n’y a donc pas eu d’hésitation ?
Non, on n’a pas du tout hésité. C’était même une priorité de pouvoir tendre vers ce monde professionnel car on était déjà dans une structure plus ou moins professionnelle. Une année de plus en Elite aurait été catastrophique au regard de notre modèle sportif. On va dire que Chalon, aujourd’hui, est à sa place. En Elite, on avait déjà une personne dédiée au partenariat et sponsors, un emploi administratif à 100%. On était déjà structuré de façon professionnelle. Il y a un pas, un fossé bien sûr, mais on avait anticipé certaines choses, on avait fait l’acquisition d’un challenge vidéo. On avait déjà projeté cette montée. Et puis, les collectivités nous soutiennent, c’est très important. Un projet sportif ne peut pas exister si derrière, il n’y a pas une volonté aussi des collectivités. Pour nous, c’est une fierté d’atteindre ce niveau et permettre de faire rayonner le volley sur ce bassin, ce territoire. Maintenant, on a cette responsabilité : être le fleuron, le porte-drapeau du volley dans cette région. C’est avec fierté qu’on va porter les couleurs de la Bourgogne-Franche-Comté dans cette Ligue B.
Comment fait-on à Chalon-sur-Saône pour exister à côté de l’Elan Chalon basket ?
C’est un peu notre combat depuis dix ans. Un, il y a, comme on le disait, le manque de notoriété du volley dans la région. Et deux, il y a le voisin iconique, Elan Chalon, qui draine tout l’aspect médiatique, draine beaucoup de moyens financiers. Ils sont sur la place, ils ont eu des résultats, des joueurs formés et partis en NBA, une formidable réussite. Grandir dans leur ombre a toujours été très compliqué, mais c’est grâce à cela aussi qu’on a finalement réussi. Il a fallu que l’on trouve un autre modèle de fonctionnement pour développer des ressources financières connexes dans une ville de 50.000 habitants. Il a fallu se battre et prouver deux fois plus. On a toujours fait preuve de résilience. Aujourd’hui, on a fait notre place, mais il faut continuer. On n’est pas concurrents, on est complémentaires. D’ailleurs, on joue depuis la dernière saison dans l’ancienne salle de l’Elan Chalon, la Maison des Sports. Les Chalonnais sont contents de se réapproprier cette Maison des Sports, de remettre du bruit dans cette Maison. La symbolique est belle.
Quels seront les objectifs du VBCC pour cette première saison professionnelle ?
Cette première saison en Ligue B doit être une étape. Il faut être respectueux de la compétition, des adversaires. La priorité va être de continuer la structuration du club. Si l’on veut se projeter dans le futur, c’est toujours par la construction, par la base, par l’encadrement, par les staffs que l’on met en place. La deuxième étape sera de fidéliser le public. Aujourd’hui, on a acquis un socle important composé des passionnés de volley. Maintenant, il faut aller chercher le passionné de sports. Pour cela, on a commencé l’année dernière à proposer du spectacle. On sait qu’aujourd’hui, un spectateur ne va pas venir voir que du volley, il va venir voir tout le décorum autour. On a beaucoup accentué les efforts sur l’animation des matches la saison dernière et on va doubler d’efforts encore cette saison, avec des matches thématiques. Le troisième pilier, bien sûr, c’est le sportif. Là, on va être prudent, raisonnable. On a essayé de de construire un effectif cohérent, en lien avec nos valeurs, avec l’ADN du club. 80% de l’effectif sera francophone, avec des joueurs qui ont peut-être été, à un moment donné, un peu laissés de côté, donc un peu revanchards. Il faut avoir cette compétitivité sportive. Si vous n’êtes pas compétitif, les deux premières composantes auront du mal à fonctionner. Chalon va découvrir. On n’a pas d’historique dans ce monde professionnel. Chalon va forcément perdre des matches, mais il faut qu’on puisse être un peu compétitif. On ne va pas se donner d’objectifs de classement. Mais il faut que l’on propose un spectacle et que les gens, en sortant de la salle, se disent : «Je vais revenir».
Le fait d’avoir l’assurance de quinze matches à domicile, dans ce nouveau format de championnat LBM, est aussi une bonne chose pour votre première saison, non ?
Exactement. Dès l’année dernière, on a créé un club Entreprises et le fait d’avoir quinze matches à domicile permet vraiment de fidéliser des partenaires. On sait qu’aujourd’hui, le volley, d’un point de vue ressources financières par rapport aux autres sports, est très en-deçà. Si on veut développer un modèle économique, il faut impérativement avoir un maximum de matches à domicile. Et l’orientation prise va vraiment dans le bon sens.