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ligue nationale
de volley

«Cette équipe a été capable de performer sous pression»

le 02/06/2023
Auteur du doublé, le TVB est redevenu le patron du volley français en 2022-2023. Pour son coach, c’est tout autant l’ADN du club, la personnalité et le caractère de son équipe qui ont fait la réussite des Tourangeaux cette saison.
lnv

Marcelo, avec un peu de recul, qu’est-ce qui a fait le succès du TVB cette saison ?
La réussite de cette année est liée à l’histoire du club. C’est un club qui s’installe dans la durée, comme toujours, un candidat à performer. Le résultat de cette année, c’est aussi le résultat de l’année dernière, d’une équipe qui a montré beaucoup de régularité et qui est capable de représenter l’histoire du club, le volley tricolore mais aussi être une base pour la réussite de l’équipe de France. On a eu une saison délicate, qui a commencé avec beaucoup de pépins, de joueurs absents, de doutes. Nous avons perdu tous les matches amicaux que l’on a faits et quand on accroche cette première victoire contre Nice au tie-break sur la première journée, on respire. Ensuite, la défaite contre Chaumont, l’arrivée de Michael Parkinson, la victoire à Roeselare en Ligue des Champions, les deux victoires contre Tourcoing 3-2, en championnat et en Coupe de France : il y a eu pas mal de tournants dans cette saison. L’équipe a été présente dans le money time, elle a montré son visage, son caractère. Et je me souviens de cette phrase de Thomas Royer (son assistant) après les succès contre Tourcoing, qui me dit : «Ce qu’on a fait contre Tourcoing, c’est ce qu’on va faire en Play-Offs». Cette équipe a toujours été capable de performer sous pression.

Après votre passage à Tourcoing (2004-2009), vous aviez visiblement très envie de revenir en France ?
Oui. Il y a deux ans, quand j’étais en Pologne, j’ai eu des premiers contacts avec les dirigeants de Tours et ça a été quelque chose de très important pour moi. Je savais qu’un jour j’allais revenir en France. A l’époque, à Tourcoing, j’étais très engagé dans la formation française, dans le sens de préparer les joueurs français. A ma période, Tourcoing était l’équipe qui avait le plus de joueurs français. Quand je pars de France après ce premier passage, j’ai le sentiment que je me suis construit d’une façon différente, d‘être meilleur que quand je suis arrivé. J’avais vraiment envie de revenir, pour briller au plus haut niveau, pour jouer des finales.

Le regret sur cette saison, n’est-ce pas d’avoir manqué les quarts de finale en Ligue des Champions ?
En ligue des champions, j’assume le manque de chance, je ne parle pas de regrets.  On perd Zeljko Coric dans les dernières balles de l’échauffement à Tours sur le match aller contre Friedrichshafen, sur un 3-0 très serré. J’étais content d’avoir passé la première phase, chose que Tours ne faisait plus depuis cinq, six ans. Qui plus est dans une poule où tous les clubs que l’on a joués ont été finalistes ou champions de leur championnat. Vu les conditions dans lesquelles on était, on n’a pas démérité. Ça nous est resté un peu à travers de la gorge, mais pas comme un regret.

Qu’avait-elle de plus que sa devancière qui échoue trois fois en finale en 2022, cette équipe de Tours cette saison ?
Je ne parlerais pas de technique, mais plus de comportement, de qualités au-delà du volley. J’ai souvent l’habitude d’évoquer cette image des quatre pieds d’une chaise. Il y a un pied qui est celui du contrôle technique, un autre qui représente le contrôle physique, le troisième pied, c’est la connaissance du jeu, l’aspect tactique, et le quatrième pied, c’est celui du mental. Parfois, on se focalise sur les trois premiers pieds et on se dit que la capacité mentale, le dépassement de soi va venir. On est toujours capable de s’assoir sur une chaise à trois pieds, mais au bout d’un moment, on peut tomber. Cette force mentale, ce caractère n’était sans doute pas aussi développé l’année dernière. Cette saison, cela a été une force de notre équipe.

Tout le monde s’accorde à dire que le championnat de France est de plus en plus qualitatif, derrière l’Italie et la Pologne. Et pourtant, il semble qu’il n’y aura qu’un seul représentant français, Tours, en Ligue des Champions l’an prochain. Que pensez-vous de cette décision de la Confédération européenne de volley ?
C’est un scandale, c’est inadmissible ! Il faut que les instances supérieures du volley français bougent pour réagir tout de suite sur cette situation. Comment pouvons-nous avoir trois équipes allemandes, deux équipes belges ? Désolé, je ne peux pas accepter cela ! Le niveau du championnat de France monte en puissance, il est très difficile à jouer, à maitriser, à travailler. C’est un championnat toujours dense au niveau technique, mais qui commence à avoir «l’assaisonnement» physique, comme on trouve en Italie et en Pologne. C’est un volley qui est technique, qui valorise la possession de la balle. Je crois qu’il manque la force politique de la France, à partir de la Fédération. Chaumont a tout. Il  a construit avec une belle salle, il y a une belle ambiance, je ne trouve pas ça correct.

Vous avez prolongé de trois saisons, jusqu’en 2026, à Tours. Quelle empreinte aimeriez-vous laisser ?
C’est un peu l’histoire de ma vie. Partout où je suis passé, j’ai essayé de laisser une référence. Quand je pars de Tourcoing, c’est une équipe qui était toujours présente dans le money time et centrée sur la formation des joueurs français. Je m’engage énormément à le faire à Tours avec l’ensemble du staff. S’installer dans la régularité et la culture de résultats, celle que Pascal Foussard a construit et qui ne sera plus présent la saison prochaine. Le club doit garder cette idée de régularité, de performance. Ensuite, je suis toujours habité de ce sentiment de gratitude par rapport à tout ce que je suis en train de vivre. La vie me donne des opportunités incroyables. A Tours, beaucoup de choses représentent la réussite. Quel bonheur d’être parmi autant de belles choses. 

 

lnv