
«La pression était sur nos épaules»

Ajaccio est allé au bout et retrouve la D1. Au vu de la saison que vous avez dominée, on peut dire que ce titre et cette accession ne sont pas volés ?
On avait construit cette équipe sur plusieurs années. L’objectif était de faire cela sur 4 ans. Il y a eu la refonte du club, la mise en avant du centre de formation, la restructuration de la base. L’an dernier, en atteignant la finale, on était finalement un peu en avance sur le temps de passage. Il s’en est fallu d’un rien (défaite au golden set face à Cannes). Cette saison, l’objectif avoué était de monter. On a bien entamé la saison régulière, on peut penser qu’on a dominé de la tête et des épaules le championnat, mais ce ne fut pas facile.
Comment avez-vous abordé les Play-Offs, justement après avoir ainsi dominé la saison régulière ?
Dès le début de saison, j’ai voulu faire tourner mon effectif. Que tout le monde soit investi et que sur la fin, des changements puissent faire la différence. Il fallait prévoir ces entrées, préparer les Play-Offs On a eu cette chance, avec notre deuxième passeur (Sergiusz Serafin), sur le deuxième match de la finale face à Fréjus. Il ne fallait pas mettre de pression supplémentaire sur les gars, mais communiquer beaucoup lors des Play-Offs. Il y a eu un gros travail avec les préparateurs physique, mental, beaucoup de petites réunions pour pallier le sur-stress, pour tirer le meilleur de chacun.
Pourtant, il y a cette défaite d’entrée face à Saint-Quentin en quarts de finale !
Avant le premier match des Play-Offs, on était relativement sereins et boum, on prend ce coup derrière la tête ! Mais cela nous a finalement fait énormément de bien, ça nous a fait redescendre sur terre, ça nous a remis sur le bon chemin. Par la suite on a fait de très belles choses. On craignait notamment beaucoup Martigues en demi-finales, notre bête noire, et on s’en est bien sorti, cela nous a requinqués.
Dans cette construction sur quatre ans, il y avait donc une vraie pression cette saison puisque c’était la dernière année de ce projet ?
Clairement, oui ! La pression était sur nos épaules toute la saison. Le président avait annoncé : on est au bout du cycle, il faut monter ! On s’est donné les moyens de monter, on savait qu’on avait cet habit-là, il fallait l’endosser, le supporter. Cela aurait été très dur de vivre cette fin de cycle sur quatre ans et ne pas y parvenir.
Votre équipe a mêlé tout à la fois jeunesse et vécu, c’était donc le bon mix ?
C’était très important pour moi, Trouver ce bon équilibre entre expérience et fougue. Pour moi, l’expérience fait gagner des titres, l’expérience des échecs aussi. Il fallait des joueurs, comme Matej (Patak) qui avaient déjà joué et gagné des finales.
A titre personnel, que représente le GFCA pour vous ?
J’ai passé toute ma vie dans ce club, j’ai entraîné toutes les sections, benjamins, filles, création du centre de formation… J’ai été adjoint pendant sept ans de grands messieurs qui m’ont appris le métier. Quand on redescend avec Eric Ngapeth (2006), j’ai senti que c’était le moment de postuler. L’idée était de faire une saison au départ. Je ne pensais pas faire une carrière. Au bout d’une saison, on m’a dit tu restes, je n’étais pas programmé pour ça. Après tout s’est enchaîné, l’arrivé au U Palatinu, le fait qu’on amène une grande touche de professionnalisme. Je suis un peu le Guy Roux du volley (sourire). Maintenant, j’avoue que j’aimerais passer manager, si le poste s’ouvre, d’ici deux ans. J’ai la connaissance du club et il est temps de laisser la place à un autre sur le banc. Mais ce sera encore moi l’année prochaine.
Ce club est tellement important que vous l’avez tatoué sur l’arrière de votre crâne pour la finale !
Les joueurs m’ont dit : «Coach, toute l’année tu nous parles de collectif, que peux-tu faire, toi, pour le collectif ? Nous, on se fait une teinture.» Teinture, je ne pouvais pas. J’ai laissé mon coiffeur décider. Il s’en est donné à cœur joie ! C’était montrer à mes joueurs qu’on était bien tous ensemble. Cette saison a été une grande aventure humaine.
Et comment sera la prochaine ?
Avec cette montée tardive, l’idée principale était de signer nos joueurs très rapidement avant la finale pour leur montrer notre intérêt. Ils méritent de jouer cette première saison en MSL. On va donc garder 75% de l’effectif, pour surfer sur cette dynamique et jouer un maintien qui sera, on ne se le cache pas, très difficile.