
Poitiers, retour à la lumière

Ce n’est pas un acte de renaissance, mais c’est une saison qui va compter et qui laisse comme une jolie traîne de promesses derrière elle. Certes, Poitiers avait déjà posé quelques balises, fixer des points de passage brillants (notamment le sacre en Coupe de France 2020) depuis son retour en première division il y a dix ans. Mais cet exercice 2024-2025, terminé en finaliste valeureux face au grand frère et voisin, le grand TVB, dans un dernier acte aux airs de derby qui n’avait plus été célébré ainsi depuis bien longtemps, est sans conteste une porte d’entrée à nouveau ouverte sur le grand monde.
Cédric Enard, le manager général de l’Alterna Stade Poitevin, en est bien conscient. Même s’il a fallu ravaler la déception légitime après une finale perdue, il mesurait vite tout le chemin parcouru l’an passé. «Evidemment que l’on était très frustré de perdre en finale. On est tous compétiteurs. Quand tu es en finale, tu as envie de la gagner. Ça a forcément généré de la frustration», commentait le GM poitevin, qui épongeait prestement le mauvais souvenir en ouvrant la focale sur les belles choses à venir.
Au cœur d’un projet qui doit repositionner le club poitevin parmi les places fortes du volley français, mais aussi l’enchâsser en tant qu’acteur central majeur sur son territoire à l’aube de 2028, ce dernier exercice et cette première finale de championnat depuis 2012 sont un sacré coup de booster. «C’est une première année pleine dans ce début de projet. On a vécu deux, voire trois saisons en une, tellement cela a été intense en termes d’émotions, de stress. La finalité du projet, ce n’est pas uniquement l’équipe pro. Il faut prendre le club dans son ensemble. La finalité, c’est évidemment d’être un club compétitif, régulièrement sur les places européennes, mais aussi redevenir un club formateur, ancré dans son territoire, vers les institutions, les clubs, le public. On a obtenu l’agrément ministériel et le centre de formation revoit officiellement le jour», s’enthousiasme ainsi Cédric.
La présence d’Earvin Ngapeth sur la première partie de saison, jusqu’à la fin décembre, a incontestablement accéléré la mise en lumière de l’Alterna Stade Poitevin. Un grand coup médiatique, autant que sportif, qui a, soudain, replacé le club sur la carte, au centre du jeu. Encore fallait-il, derrière, assurer ce nouveau rang, tenir la rampe et rester beau sous les feux, même après la perte du double champion olympique. C’est ce que fit la troupe de Dan Lewis, dans un élan solidaire et collectif assez remarquable. «Au départ d’Earvin, il a fallu retrouver un équilibre. Même si ça a parfois été agité, que tu perds Nikolic (blessé) début décembre, que tu n’arrives jamais à le remplacer, tu as quand même un équipe qui continue à travailler, qui est lancée et qui croit toujours en ses chances d’aller en Play-Offs. L’entrée en jeu de Thomas Pujol sur la deuxième partie de saison, l’arrivée de Nik Mujanovic sur les Play-Offs, un passeur (Brett Walsh) plus serein, ça a été déterminant», résume le manager général du SPVB.
Il faut maintenant souffler sur les braises, entretenir ce feu qui couve à nouveau à Lawson-Body. «Les gens sont revenus à Lawson-Body. On est au-dessus des 2000 spectateurs de moyenne, en enlevant le match face à Tours à l’Arena Futuroscope. Il y a eu Earvin, c’est facile, c’est sûr, mais quand il est parti les gens ont continué à venir. Le volley à Poitiers, c’est ancré. Dès que ça repart, dès que tu mets une étincelle, c’est plein. Cette année-là est un accélérateur de particules», note Cédric. Mais il ne faut pas non plus penser que c’est arrivé et que tout sera facile désormais. Poitiers doit encore grandir. «Elle n‘était pas programmée celle-là. Il ne faut pas croire que parce qu’on a joué la finale cette année, on va la jouer l’an prochain. Des clubs sont en avance sur nous, dans la structuration. Des Tours, Montpellier, Tourcoing, Chaumont… On est ambitieux, on est motivés pour continuer à travailler et refaire tout ce que l’on a fait de bien, mais il y a encore plein de fronts sur lesquels on doit progresser.» 2025-2026 est une étape de plus vers la finalisation du projet.